Impacté par la baisse des volumes sur ses métiers historiques en France, Showroomprivé accélère dans la réalisation des chantiers de sa feuille de route.
Percuté par les pure-players dont Vinted, Shein, par la concurrence des marques qui ont ouvert leurs propres sites web mais aussi par le fléchissement des achats de mode en ligne, Showroomprivé investit pour automatiser ses process et innover. Historiquement positionnée sur le déstockage, l’entreprise créée il y a 18 ans a initié en 2023 une feuille de route baptisée ACE (Adapt, Consolidate, Expand) et recruté Arnaud Le Roux au printemps dernier. Nommé chief innovation officer il a été chargé d’accélérer la transition du groupe vers le web3, de diffuser l’intelligence artificielle dans toutes les strates de l’entreprise et de favoriser les initiatives internes. «Notre plan stratégique repose sur trois piliers. Nous devons nous adapter à l’environnement actuel, consolider nos actifs et nos fondamentaux, et continuer à nous développer à l’international», explique David Dayan, co-fondateur et Pdg de Showroomprivé.
Plus de services pour les marques
En juillet dernier, le groupe a publié ses résultats affichant un volume d’affaires stable de 499 millions d’€ (+0,1%) sur les six premiers mois de l’année et un recul de 4% de son chiffre d’affaires, à 318,1 millions d’€, impacté par la baisse des volumes sur les métiers historiques en France. Mais le site The Bradery qu’il a acquis en 2022 voit son activité progresser de +50 %, et les ventes sur la marketplace bondissent de +62,8%, idem pour les secteurs du des voyages et des loisirs à +11,7% et l’international à +11,2%. L’entreprise développe aussi des services pour les marques comme la conception de catalogues digitaux et le retail media avec sa régie Showroom Média. Il y a un an, elle est devenue partenaire de la joint-venture Unlimitail lancée par Carrefour et Publicis pour se doter de la solution technique CitrusAd pour ses clients et les marques partenaires. Elle travaille également à améliorer le design et l’expérience client sur le site et l’application mobile. Une nouvelle interface du site a été lancée en mai et un nouveau moteur de recherche amélioré et développé avec Algolia est en cours de déploiement. Le groupe cherche aussi à gagner en efficacité logistique. «Le but et d’être plus agile et de réduire notre empreinte carbone».
Afin d’optimiser sa stratégie d’approvisionnement tout en diminuant au maximum ses délais de livraison, Showroomprivé a augmenté la part des achats fermes sur le premier semestre, qui représentent 43% des modes de livraison, contre 31% pour le drop shipping et 26% pour les ventes conditionnelles. Les fonctions logistiques ont été centralisées sur un nouvel entrepôt exploité en direct, regroupant notamment des activités de « délotage », de remise en propre de ses pièces et de stockage et gestion des retours. Ce nouvel entrepôt, situé au nord de Paris et qui fonctionnera en duo avec l’entrepôt mécanisé Astrolab à Saint-Witz, va lui permettre d’avoir une capacité de stockage de plus de 7 millions de pièces de prêt-à-porter répartie sur 4 étages et une superficie de 15 000 m2 au sol. Cela conduira à une réduction du nombre d’entrepôts gérés de treize à la fin 2022 à quatre à la fin 2024.
Plus d’automatisation
Dans l’organisation, les profils évoluent. «De chasseurs de deals, nos commerciaux sont au service des stratégies digitales de nos 2500 marques partenaires», ajoute David Dayan. Arnaud Le Roux qui dit avoir trouvé une équipe «très ouverte» en arrivant, a été chargé d’identifier les fonctions à automatiser. «Nous avons identifié quatre typologies d’intervention. Il s’agit de gagner du temps de cerveau disponible : moins de listings à remplir pour les équipes commerciales, des projets orientées business avec, par exemple, des contenus marketing édités par l’IA. Nous avons mis en place un plan d’acculturation pour accompagner les équipes sur l’IA, la blockchain, la réalité mixte. Ensuite il s’agit aussi d’aller plus loin en R&D, de ne pas subir le web 3 mais de l’utiliser comme levier. Pour cela nous favorisons les initiatives internes et nous nous allions avec des partenaires technologiques», explique Arnaud Le Roux. Les premiers concernés par ces évolutions technologiques sont les graphistes retoucheurs qui doivent apprendre à maitriser les prompts. L’un d’entre eux qui avait développé sa propre IA de retouche en langage de programmation Python a d’ailleurs été incité à lancer une V2 et s’est fait épauler par Galadrim. Ce prestataire spécialisée dans la conception, le développement et la maintenance d’applications web et mobiles a conçu pour Showroomprivé une «solution métier complète de génération automatique de fiches produits basée sur des Large Language Model (LLM) multimodaux.» Des solutions tierces comme Copilot sont également déployées pour les salariés. «Nous avons rencontré les GAFA, des experts de l’IA, il faut tester, disposer de KPIs en interne. Nous avons créé un comité innovation avec des ambassadeurs qui se réunissent tous les mois pour faire le point».
L’accompagnement des startups au sein de l’incubateur Showroom Startups a évolué sur le fond. «Nous privilégions l’hybridation impact et web3. En 2025 par exemple, nos marques partenaires devront mettre en place des passeports numériques pour leurs produits et nous devrons être interopérables. Une partie des startups va nous apporter cette culture blockchain, NFT. Nous avons déjà pris l’initiative en juin dernier de distribuer des NFT aux salariés», ajoute Arnaud Le Roux.
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