Agora Fonctions et Harris Interactive ont mené une étude auprès des jeunes pour analyser leur perception de l’intelligence artificielle.
L’intelligence artificielle n’a pas fini de bouleverser les métiers. Les plus jeunes particulièrement, dès aujourd’hui et à l’avenir, y seront confrontés au cours de leur parcours personnel et professionnel. C’est pour mieux connaître leur perception sur ces sujets que Agora Fonctions, réseau de managers métiers de grandes entreprises publiques et privées, et Harris Interactive ont réalisé une étude en interrogeant plus de 800 jeunes âgés de 18 à 34 ans en mars dernier. Ses conclusions ont accompagné une table ronde organisée lors du dernier Gala DSI, le 27 mars sur le thème « Comment l’IA va-t-elle bousculer le métier et l’industrie IT ? ». Comme l’indiquent en préambule les auteurs de cette étude :
« Alors que l’Union Européenne a annoncé un plan d’investissement de grande ampleur pour promouvoir et stimuler le développement d’une intelligence artificielle « fabriquée en Europe », cette avancée technologique continue à être source de nombreuses interrogations. Conséquences technologiques, économiques mais également éthiques, l’intelligence artificielle interroge les valeurs de chacun ».
Premier constat dressé par cette étude : l’intelligence artificielle ou l’IA est un sujet que les jeunes Français connaissent. 96% en ont déjà au moins entendu parler, 74% (et même 86% chez les plus diplômés) affirment voir très bien ce dont il s’agit. Si l’IA évoque spontanément le développement technologique et la robotique, elle revêt une appréhension plutôt positive de la part des jeunes. 77% d’entre eux estiment en effet que son développement est une bonne chose pour la société française, un a priori favorable confirmé notamment chez les hommes (82%), les catégories aisées (83%) et les plus diplômés (82%).
La plupart considèrent que l’IA occupe déjà une place importante dans le monde du travail (65%). Cette importance reste toutefois mesurée car seulement 13% estiment que sa place est « très importante ». Mais 81% pensent qu’elle occupera dans cinq ans une place plus importante qu’aujourd’hui. « Ils sont également tout à fait conscients que les professions qu’ils occupent actuellement, ou qu’ils seront, pour les étudiants, amenés à occuper plus tard, seront impactés par l’introduction de l’IA ». Près de huit sur dix sont ainsi convaincus qu’elle apportera des changements dans leur métier, quatre sur dix estimant qu’il devrait même s’agir de changements importants.
A nouveau, ces changements sont perçus de manière plutôt positive par les jeunes Français, généralement plus pour le secteur professionnel dans son ensemble que pour sa propre carrière. Ainsi qu’ils travaillent actuellement ou soient encore étudiants, 68% estiment que le développement de l’IA est « une bonne chose pour le monde du travail de manière générale ». Mais ce pourcentage tombe à 60% pour leur progression professionnelle. Les raisons de cette perception favorable sont liés aux notions les mieux associées au développement de l’IA dans les entreprises : les idées de robotisation (50%), d’automatisation (44%), mais également de gain de temps (38%), de simplification des tâches complexes (34%) et donc de facilitation du travail (29%) apparaissent clairement. Les étudiants, qui ont encore le loisir d’orienter leurs études, partagent encore plus que les jeunes actifs cette vision positive.
La crainte d’une déshumanisation du monde du travail
Mais si cette perception de l’IA est globalement positive, certains doutes et méfiances sont bien présents. Les plus jeunes redoutent particulièrement une « déshumanisation du monde du travail », qu’ils associent particulièrement à l’IA (42%), qui est aussi, pour 28% d’entre eux, fortement associée à la notion de chômage. Plus de la moitié (55%) estiment que le développement de l’IA va détruire plus d’emploi qu’il ne va en créer. Pour les jeunes Français, et ce quelle que soit aujourd’hui leur catégorie socio-professionnelle, ce sont les emplois les moins qualifiés qui risquent le plus d’être mis en danger par les progrès de l’intelligence artificielle (45%), quoi qu’aucun corps de métier ne soit perçu comme particulièrement à l’abri du changement : 38% estiment ainsi que l’IA aura des conséquences sur tous les types de métiers, qu’ils soient qualifiés ou non.
Dans ce contexte, malgré leur confiance et leur perception positive de l’IA, deux jeunes sur trois se déclarent favorables à une loi encadrant l’utilisation de l’intelligence artificielle sur le marché du travail, notamment les hommes et les plus diplômés.
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