Vice-présidente de Global Amazon Business, Shelley Salomon a rejoint la firme de Seattle il y a plus de 20 ans à la direction des finances, et elle pilote désormais avec passion cette plateforme BtoB, parcourant le monde pour rencontrer ses équipes et ses clients.
À Londres, dans une salle d’un grand hôtel baignée par la lumière des projecteurs, Shelley Salomon se tient face à un parterre attentif devant des clients. Pas de prompteur pour rythmer son discours : des notes sur des fiches qu’elle a préparées, suffisent. Derrière elle, un écran géant déroule des chiffres vertigineux, ceux d’Amazon Business, cette plateforme B2B qu’elle pilote comme vice-présidente monde. Sa voix, calme mais assurée, capte l’attention. Elle raconte des histoires. Pas des anecdotes convenues, mais des récits qu’elle tient directement des entreprises qu’elle rencontre chaque semaine. Une question revient sans cesse dans ses échanges : «Qu’est-ce qui freine votre travail ?»
Vêtue d’une tenue sobre mais impeccable, Shelley Salomon évoque davantage une professeure dévouée qu’une vice-présidente d’un mastodonte de la tech. Pourtant, depuis mars 2024, elle est à la tête d’Amazon Business. Sa mission : transformer la façon dont les entreprises achètent, gèrent leurs stocks et s’approvisionnent. Avec son aisance naturelle, elle incarne cette révolution silencieuse qui traverse le monde professionnel, plus discrète que les services bien connus de la firme de Seattle.
Un instinct d’innovatrice forgé par l’expérience
Avant de rejoindre le monde des achats professionnels, Shelley Salomon était déjà une pionnière. Entrée chez Amazon il y a plus de vingt ans, après un passage chez Intel, elle a fait ses premiers pas dans une industrie en pleine mutation. À l’époque, elle travaillait sur les premiers projets de location de DVD, affrontant un concurrent en devenir : Netflix. Ces débuts ont façonné son approche : voir au-delà de l’évidence, anticiper les transformations.
Aujourd’hui, ce sens de l’anticipation prend la forme d’une réflexion sur l’intelligence artificielle. « L’IA, ce n’est pas une simple avancée technologique », explique-t-elle. « C’est une façon de devancer les besoins des clients, parfois avant même qu’ils ne les formulent. » Elle montre un fort intérêt pour Rufus, l’assistant d’achat d’Amazon alimenté par l’IA générative. Son rôle : simplifier et personnaliser chaque commande, même dans des systèmes complexes. « Ce que les entreprises attendent, c’est l’efficacité, mais surtout la simplicité », résume-t-elle.
Au cœur de l’action, la voix des clients
Aussi, Shelley a un rituel immuable : chaque jour, elle s’entretient avec un client. « Je veux en rencontrer 150 d’ici la fin de l’année », confie-t-elle. Responsables scolaires, directeurs d’hôpitaux, chefs d’entreprise : les interlocuteurs varient, mais l’objectif reste le même. Elle écoute, interroge, note. Ce qui l’intéresse, ce ne sont pas les théories ou les rapports d’analystes, mais les expériences concrètes, les frustrations du quotidien.
Ces échanges ne sont pas anecdotiques : ils nourrissent directement les actions d’Amazon Business. Tous les quinze jours, Shelley Salomon organise des « marches dans les magasins » avec ses équipes. Ensemble, ils recréent le parcours d’un utilisateur, de la création d’un compte à l’achat d’un produit. Chaque difficulté notée est relevée, documentée, puis transmise aux ingénieurs. « L’innovation, ce n’est pas deviner ce que veulent les clients », explique-t-elle. « C’est leur poser la question. »
Un leadership inclusif
Pour Shelley Salomon, réinventer les achats professionnels va bien au-delà des chiffres. « Nous outillons les entreprises pour qu’elles gagnent du temps, pas pour qu’elles en perdent », insiste-t-elle. Son approche s’inscrit dans une vision plus large : celle d’un leadership inclusif et humain. Elle défend une plus grande diversité dans le secteur, encore largement dominé par les hommes. « La diversité n’est pas seulement une valeur morale. C’est un levier d’innovation et de performance », affirme-t-elle.
Sous son impulsion, Amazon Business a lancé des programmes de mentorat pour les femmes et intégré l’IA dans les processus d’achat, toujours dans une logique d’inclusion et d’accessibilité. Ces initiatives traduisent une conviction forte : celle que les outils technologiques doivent être au service de l’humain.
L’avenir en ligne de mire
Après son intervention, Shelley Salomon quitte la scène sous les applaudissements. Dans un temps de pause, elle se dévoile différemment : passionnée par les animaux, curieuse des cultures et des cuisines du monde. Ce regard ouvert sur l’ailleurs, elle l’applique aussi à son métier. « Le secteur du procurement (NDLR : la fonction de la gestion d’achat) est en pleine mutation, et ce n’est qu’un début », assure-t-elle.
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