Mathématicienne, cofondatrice d’Ideta, Sarah Martineau se passionne depuis longtemps pour les statistiques et la modélisation mais elle a aussi le goût d’entreprendre.
A l’école, Sarah Martineau a toujours préféré les maths au français. Dans sa famille, il n’y avait pas beaucoup de livres et se plonger dans les matières littéraires lui semblait beaucoup plus difficile que résoudre des équations. Très timide, elle n’aime pas non plus faire des exposés devant sa classe. «Et il n’y en a pas dans les maths». L’algèbre et la géométrie sont un peu son refuge. «Je ne suis pas issue d’un milieu littéraire ou scientifique mais mes parents voulaient nous donner le goût des études», se souvient Sarah Martineau qui va tout de même «adorer» la philo et se passionner pour les arts plastiques. Après son bac scientifique (avec cette option artistique), la jeune étudiante hésite entre la biologie et la philosophie. L’exemple de son frère qui a suivi une prépa ne l’encourage pas non plus à opter pour la même voie. «La raison me poussait vers une filière offrant des débouchées». Elle choisira donc ce qui lui semble le plus à sa portée et intégrera l’université de Paris Dauphine, obtenant quelques années plus tard un master 1 « Mathématiques de la Modélisation et de la Décision (MMD) » avant de poursuivre un cursus à École nationale de la statistique et de l’administration économique (ENSAE) pour un M2. «J’ai découvert l’informatique, les statistiques… dans ce domaine tout a un aspect très réel, factuel. On peut simuler, créer des modèles».
Développer des algorithmes de recommandation de produits
Un stage va la conduire à intégrer un fonds d’investissement et de trading où elle s’amuse à créer des algorithmes pour prévoir les cours de la bourse pour des ordres d’achats et de revente. Mais l’activité, qui est alors dans la ligne de mire du gouvernement qui veut la taxer, devient moins rentable et il est temps pour Sarah Martineau de voguer vers de nouveaux horizons. Une relation professionnelle lui fait découvrir Ekimetrics, spécialiste européen en data science qui conseille de grandes entreprises dont Axa, Renault ou encore Air France, réalise des prédictions de ventes, les aide à maintenir et développer des avantages concurrentiels pérennes grâce à la maitrise de la data. «J’y suis restée trois ans et lorsqu’ils ont ouvert des bureaux à New York, j’ai candidaté. C’était à l’époque mon leitmoviv pour rester. Mais c’est une autre personne qui a été choisie». Sarah Martineau négocie alors son départ.
«J’avais déjà le désir de monter ma boite. Il y avait en moi une fibre commerciale qui me venait peut-être de mes parents commerçants et toujours cette envie de créer comme dans l’univers des arts plastiques». L’idée naitra de ses expériences personnelles. Sarah Martineau n’aime pas, par timidité, faire ses achats de vêtements dans les magasins où elle va croiser le personnel, préférant l’anonymat du web. Néanmoins les conseils manquent sur Internet. Forte de ce constat, elle va se consacrer à développer des algorithmes de recommandations de produits et imaginer des vendeurs virtuels. Sa start-up Ideta voit le jour en 2017 et une rencontre avec Yanis Kerdjana, devenu depuis son associé, l’amènera à pousser encore un peu plus loin son projet. «J’ai rencontré Yanis à un concours d’innovation. J’avais été poussée par Charles Dadi (fondateur de Factonics ndlr). Lorsque nous étions tous deux chez Ekimetrics, nous avions travaillé sur un produit de reconnaissance d’images de plats pour une enseigne alimentaire». Yanis Kerdjana, diplômé en ingénierie aérospatiale, aéronautique et astronautique, enchaine pour sa part les concours d’innovation organisés par les grands groupes. «A l’époque je ne connaissais rien aux chatbots et nos compétences étaient complémentaires. Nous avons travaillé ensemble sur un projet d’algorithmes pour des recommandations de lunettes. Notre activité a démarré comme cela, d’un cas d’usage».
Une solution d’agents conversationnels en marque blanche
Ideta se positionne aujourd’hui comme «un éditeur de solutions no-code en SaaS et « on premise » qui permettent aux entreprises d’automatiser leur process et de créer leurs propres agents conversationnels sans compétences particulières». La solution disponible en marque blanche permet de développer, superviser et connecter des agents conversationnels (chatbots, callbots, voicebots) aux outils internes des organisations. Plus de 3 600 bots chez Alinéa, Transdev, Biogroup ou encore Bic auraient été créés avec la solution. «Il y a eu deux vagues de chatbots. Dans la première un peu euphorique, beaucoup ont cru que ces agents pouvaient tout faire et on été déçus. Dans la seconde, on sait qu’un chatbot ne peut répondre à tout. Dans le domaine des ressources humaines, si un salarié est en dépression il doit passer par l’humain. Le chatbot ne répond qu’à des questions récurrentes».
La start-up qui s’est lancée sur le marché américain a déjà opéré deux levées de fonds et compte une vingtaine de personnes dans ses équipes. «Aujourd’hui je suis plus usée qu’il y a quatre ans car tout cela est très prenant et exclusif. Heureusement il y a toujours des bonnes nouvelles qui reboostent et donnent l’envie de continuer l’aventure. Le fait de partir à l’étranger est une vraie motivation. Nous sommes même sollicités par l’Inde et avons un grand projet de recherche et développement avec une entreprise canadienne. Nous voulons être reconnus dans l’intelligence artificielle et la reconnaissance du langage».
Elle passe son temps libre en famille, à réaliser notamment des collages et des créations avec sa fille. «Je n’ai pas complètement laissé tomber les arts plastiques», avoue Sarah Martineau qui imagine aussi sa prochaine carrière dans l’architecture. «C’est aussi un métier que j’imaginais à la sortie du bac mais les guides métier précisaient que c’était long avec peu de débouchés. Mais je le ferais un jour», se persuade la dirigeante qui en attendant dévore les ouvrages sur le sujet.
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