Si le mois de juin a été plutôt bon pour le commerce spécialisé, la fédération Procos dresse un semestre en demi-teinte et fait part de ses inquiétudes sur la fragilité de nombreux commerces impactés par les récentes émeutes, mais aussi par les nombreux investissements à mener.
Les chiffres d’affaires des magasins enregistrent une hausse de plus 6,5 % en juin 2023 par rapport à la même période de 2022 selon la fédération du commerce spécialisée Procos. « L’activité du commerce spécialisé a été bonne en juin, celui-ci est le troisième mois le plus dynamique en magasin après janvier (+ 11,5 %) et février (+ 7,5 %) », observe l’organisation. Elle nuance tout de même son propos en pointant les mauvaises performances pour l’équipement de la maison (à moins 5 % soit une baisse très forte des volumes vendus de l’ordre de moins 8%) et des secteurs culture-cadeaux-jouets qui souffrent, dans une moindre mesure, depuis quelques mois.
Le marché de l’habillement tire cette fois son épingle du jeu avec un mois plutôt bon à plus 5 %, d’autant plus qu’il faut tenir compte du report d’une semaine de la période des soldes qui avait commencé une semaine plus tôt en 2022 et des difficultés rencontrées au début des soldes du fait des émeutes. Le constat est identique pour le secteur de la chaussure avec une dynamique forte (+ 15,2 %) des ventes magasins. Le sport est, pour sa part, en retrait avec plus 3,9 % en valeur. Le secteur de la beauté-santé affiche une progression de plus 14,2 %, l’alimentaire spécialisé est à plus 9,9 % et la bijouterie connait elle aussi une activité assez soutenue en juin à plus 11 %.
«Cette dynamique est également la conséquence partielle d’une hausse de prix souvent plus forte que dans d’autres secteurs car les élasticités-prix y sont moins importantes que dans l’habillement par exemple», note la fédération. Les ventes web ont aussi été plutôt bien orientées en juin avec une moyenne à plus 8,2 % par rapport à juin 2022 pour l’ensemble des enseignes du commerce spécialisé, excepté les ventes web de la restauration en baisse de 28,6 %.
Hausse de 3 % en valeur sur le semestre mais baisse des volumes vendus
Le point sur l’activité révèle que le semestre se termine plutôt bien. «Les ventes magasins du commerce spécialisé sont en légère hausse, de 3 % en valeur sur le semestre par rapport à 2022. Mais cela signifie une baisse des volumes vendus de l’ordre de 0,5 à 1 %. Les enseignes du commerce spécialisé, principalement non-alimentaires, ont été impactées par la baisse du reste disponible dans le budget des ménages fortement touché par les hausses des prix alimentaires. Une situation qui, par ailleurs, a limité la capacité des enseignes non-alimentaires à augmenter les prix de vente aux consommateurs. En cumul sur le semestre, deux secteurs affichent des ventes magasins inférieures à celles de l’an passé sur la même période : l’équipement de la maison (-1,4 %) et culture-cadeaux-jouets (-1,5 %). Si l’on cumule les ventes magasins et celles du web, l’habillement est également négatif par rapport à janvier-juin 2022 à moins 0,7 % en valeur, soit une baisse conséquente des volumes vendus à moins 3,5, moins 4%. Les autres secteurs terminent le semestre en croissance comparativement à 2022 : plus 11,5 % pour le total magasins et internet pour la beauté-santé qui est le secteur en plus forte dynamique, suivi par la chaussure (+ 4,9 %), la bijouterie (+ 4,5 %), l’alimentaire spécialisé (+ 2,8 %) et la restauration(+ 3,5 % ».
Excepté l’équipement de la maison, la croissance de l’activité est tirée par les magasins alors que le web est en retrait et tous les secteurs hormis la beauté-santé, réalisent ces performances en grande partie grâce à des augmentations de prix de vente aux consommateurs car les ventes en volume connaissent des évolutions négatives. Enfin la fréquentation des magasins s’est aussi dégradée de mois en mois par rapport à 2022 ( jusqu’à moins 8,5 % en juin).
Des défaillances qui se sont multipliées
Les perspectives d’activité pour la fin de l’année 2023 «permettent d’entrevoir un début d’amélioration qui portera sans doute ses fruits en 2024, sauf événements exogènes», avec des tensions sur les prix et sur les approvisionnements, qui devraient se réduire. Mais Procos pointe aussi les défaillances «qui se sont multipliées comme jamais depuis octobre 2022» malgré des investissement dans les transformations. «Les structures de coûts qui augmentent plus vite que l’activité ne peuvent que générer à court terme des problèmes de trésorerie, de capacité de remboursement des PGE, sans parler évidemment des reports d’investissement pourtant vitaux pour préparer l’avenir», souligne l’organisation qui réclame toujours un plafonnement de l’indexation des loyers commerciaux à 3,5 %.
Les actes de vandalisme survenus lors du premier week-end des soldes, ont aussi fortement impacté l’activité de nombreux magasins entraînant des risques sur les trésoreries d’entreprises et de magasins déjà fragiles. «Il s’agit d’un moment de danger supplémentaire pour les prochaines semaines durant lesquelles il faudra être attentif au soutien possible à apporter. En effet, même si l’appel a été lancé par Bruno Le Maire, il est malheureusement peu probable que les assureurs puissent aller aussi vite que nécessaire et qu’ils renoncent suffisamment aux franchises contractuelles. En conséquence, le reste à charge pour beaucoup d’entreprises et de magasins risque d’être important et supérieur au niveau supportable pour certains dans un moment de fragilité intense», estime Emmanuel Le Roch, délégué général de Procos qui s’inquiète aussi sur les nombreux investissements que les enseignes doivent mettre en œuvre pour la décarbonation de l’offre, la durabilité des produits, le traitement thermique des magasins, plus globalement pour toutes les nouvelles réglementations.
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