Pascale Hardy-Amargil a fondé il y a un peu plus de trois ans l’agence de conseil et de communication Yes We Are pour accompagner les entreprises sur tous les sujets liés à la diversité et aux femmes, que ce soit dans leurs prises de parole externes ou dans leurs actions en interne.
Sa première expériences professionnelle comme stagiaire chez Ford n’a pas grand-chose à voir avec ce qu’elle est devenue aujourd’hui : une entrepreneuse impliquée dans la diversité en entreprise. Mais elle marque aussi le début d’un cheminement. Pascale Hardy-Amargil vient alors de terminer une école de commerce à Rouen et s’est spécialisée dans le marketing. Elle atterrit un «peu par hasard» dans cet univers automobile qu’elle aime bien. Cette première immersion la conduira d’ailleurs à trouver son premier emploi chez BMW où elle restera dix ans. Comme tous ceux qui débutent chez les constructeurs, elle n’échappera pas à ce passage obligatoire d’aller sur le terrain. «Au départ j’y allais à reculons», se souvient Pascale Hardy-Amargil qui est alors la deuxième femme de l’entreprise à mener ce parcours chez les concessionnaires. «J’y ai passé deux ans et cela a changé ma vision du marketing. J’ai rencontré des chefs d’entreprises. Je baignais dans un monde où les codes machistes étaient très présents mais être une femme s’est aussi révélé un atout».
Le lancement publicitaire de la Mini sera sa première mission «passionnante». Pendant toutes ces années, elle rencontre aussi «des managers, des hommes extraordinaires qui l’ont portée». Elle quitte le constructeur allemand au moment ou elle devait être promue chef de service. «Je rencontrais des personnes qui avaient passé des dizaines d’années dans ce milieu auto et je n’avais pas envie d’avoir cette étiquette de spécialiste dont il est difficile de se débarrasser en France quand on reste trop longtemps dans un secteur. J’avais envie de découvrir autre chose».
L’importance d’avoir des sponsors
Sa nouvelle aventure s’appelle Virgin Megastore. Elle rejoint l’enseigne comme responsable communication en 2011 avant d’être nommée un an plus tard directrice marketing et communication. La chaine créée par le Britannique Richard Branson et dont le premier magasin a été inauguré en 1988 sur l’avenue des Champs-Élysées est en perte de vitesse. «Il s’agissait de lui redonner la parole et de lui faire retrouver son ton impertinent». C’est aussi à cette période qu’elle se lie avec Christine Mondollot alors présidente de l’entreprise en France qui lui fait confiance et lui donne toujours «de bons conseils aujourd’hui». «Il faut avoir des sponsors dans la vie professionnelle», estime Pascale Hardy-Amargil. Mais malgré les investissements des équipes – «on s’est battu comme des lions» – la chaine confrontée alors à l’enseigne de la Fnac et à la chute de ses marchés traditionnels comme les CD et les DVD dépose le bilan en 2013. «Ces deux années ont été une étape très structurante de ma carrière. Une marque ne doit jamais penser qu’elle est au top. Évidemment cela m’a rendue malheureuse de ne pas avoir pu aller jusqu’au bout. Mais cela m’a permis aussi de faire une pause, de m’occuper de mes enfants, de faire un peu de théâtre en fréquentant le Cours Florent».
Intuition et agilité
Quelques mois plus tard, elle est appelée pour occuper le nouveau poste de directrice de marque, brand content, media & PR au sein du Club Med. L’organisation qui a inventé le concept des vacances «tout compris» est aussi en proie à des difficultés après s’être orientée vers le très haut de gamme et il s’agit désormais de «redonner de la désirabilité à la marque» et bientôt lui faire prendre l’indispensable virage du digital initié notamment par Jonathan Dulman, directeur marketing France, Benelux et Suisse de l’entreprise. «Nous avions une approche très customer centric, avec les «gentils membres» au cœur de la stratégie.» Pascale Hardy-Amargil est ensuite nommée international head of digital change management international et elle sera chargée d’accompagner les RH, la communication interne dans la transformation digitale. «Il s’agissait notamment d’accompagner les équipes commerciales dans l’utilisation de nouveaux outils pour le CRM. Il fallait faire preuve de beaucoup d’intuition. Ces cinq années au Club Med m’ont aidé à développer une certaine agilité».
L’importance de la diversité des compétences
Mais Pascale Hardy-Amargil a depuis longtemps le désir d’entreprendre, un désir entretenu par son éducation. «Mes deux parents sont médecins. A leur manière ils devaient gérer aussi leur entreprise. Et puis, dès que je rencontrais des entrepreneurs qui réussissaient, je les enviais. J’ai donc négocié mon départ du Club Med, avec cette idée de créer quelque chose à partir d’une page blanche. Je venais d’avoir 40 ans et j’entendais beaucoup de femmes de mon âge se heurter à ce plafond de verre, ou ressentir ce syndrome de l’imposteur». Pour trouver l’inspiration et la bonne idée, Pascale Hardy-Amargil fait appel à une coache, en l’occurrence Goretty Ferreira, initiatrice de BoostElles, un programme d’accompagnement en faveur de la carrière des femmes et fondatrice de l’Agence pour l’Entrepreneuriat féminin. «J’ai commencé à organiser des après-midis d’inspiration dans mon salon avec des femmes, sur les thèmes «we are strong», «we are hot» etc, dans un registre toujours très fun et positif. Ces rendez-vous ont rencontré un tel succès que j’ai du ensuite les organiser dans des hôtels. Je trouvais des intervenantes et nous partagions beaucoup. Et tout s’est construit au fil de l’eau. Un jour Goretty Ferreira m’a dit : n’est-ce pas cela ton idée d’entreprise ?». Quelque temps plus tard je déposais les statuts de mon agence Yes We Are, en la faisant pivoter vers le BtoB, avec l’organisation d’ateliers pour les entreprises, en élargissant les sujets à la diversité au sens large qu’il s’agisse de sexe, d’âge, d’éducation, de situation de handicap, de diversité aussi dans les compétences, et en devenant une agence de conseil et de communication».
Déconstruire les stéréotypes
Sa structure qu’elle a récemment présentée lors d’un atelier au salon One to One Biarritz repose sur cinq employés et un écosystème d’une trentaine de partenaires, coachs, spécialistes du planning stratégique, consultants graphistes, tous en phase avec les valeurs de l’agence. Elle conseille les DRH, les directions RSE, de la diversité, mais aussi les directions générales, marketing et communication. «Nous accompagnons des entreprises, souvent patriarcales, dont certaines ont peur de faire des maladresses. Il faut que la direction soit convaincue. Ce sont aussi parfois les salarié-es qui sont moteurs. Notre quotidien est de déconstruire les fausses croyances,les stéréotypes, de les faire communiquer aussi sur les premières avancées. Tout se bâtit étape par étape mais toujours avec honnêteté». Un peu plus de trois ans après sa création, Yes We Are enregistre une croissance annuelle de 60% par an et elle a conquis de nombreux clients dont Porsche, Salesforce, Nuxe, SMCP… Elle produit des contenus sur mesure sans jamais mettre les hommes à l’écart. «Je suis féministe mais pas en réaction, je suis portée par une mission de transmission». Des valeurs qu’elle veut aussi transmettre à ses trois enfants et en particulier à ses deux garçons que se plaisent à entonner «Yes We Are» en rentrant de l’école. «Je continue à trouver mon équilibre de chef d’entreprise et de maman sans cette volonté d’être la femme parfaite. C’est un diktat que je dénonce. Je préfère être parfaitement imparfaite. Je ne peux pas tout faire. Mon but est aussi de faire grossir mon entreprise, de rendre les équipes plus paritaires. J’ai la chance d’être accompagnée par l’accélérateur Bloom by Force Femmes et par deux mentors avec qui je peux partager sans être jugée ».
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