Le bilan des ventes des commerces en juillet reste très mitigé

Temps de lecture : 4 minutes

Jeux Olympiques commerces de proximité @clesdudigitalSi l’opérateur de cartes bancaires Visa se réjouit de l’impact positif des Jeux Olympiques sur les commerces de proximité en juillet, les bilans dressés par Procos et par l’IFM ne vont pas dans le même sens.

Selon un rapport de Visa, partenaire Officiel des Jeux Olympiques et Paralympiques, les ventes des commerces de proximité parisiens ont augmenté de 26% durant le premier week-end des Jeux par rapport à l’année précédente. Les plus fortes hausses de dépenses à Paris ont été observées dans les théâtres et musées (+159%), les supermarchés et les épiceries (+42%), les restaurants (+36%), les commerces de détail (+21%) et les lieux de divertissements (+18%). La plus grande part des dépenses étrangères provient des Américains (29%), avec des augmentations significatives d’une année sur l’autre des dépenses des porteurs de cartes brésiliens (+33%) et japonais (+129%). Enfin, 78% des achats internationaux à Paris ont été effectués sans contact, ce qui représente une hausse de 9% par rapport à l’année précédente. Les dépenses ont également considérablement augmenté dans les villes accueillant des événements olympiques en dehors de Paris, notamment Saint-Étienne (+214%), Lille (+100%) et Marseille (+38%) selon l’opérateur.

Un mois très mauvais pour l’équipement de la maison et l’habillement

Ce bilan positif n’est cependant pas partagé par tous les commerçants. Le Groupement des hôtelleries et restaurations (GHR) et l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih), la Confédération des commerçants de France, le Syndicat national des entreprises gaies (SNEG & co) et Culture Nuit (lieux festifs) ont fait part en juillet dans un communiqué « d’une activité en berne depuis le mois de juin »,  et « d’une baisse de 30 % de chiffre d’affaires par rapport aux années précédentes » pour certains commerçants.

Selon la Fédération des commerces spécialisés Procos, l’activité des magasins des enseignes du commerce spécialisé au mois de juillet se termine en baisse de moins 2,5 % par rapport à juillet 2023. Le mois a surtout été très négatif pour plusieurs secteurs tels que l’équipement de la maison (-7,5 %) et l’habillement (-6 %) qui terminent le mois avec une très forte baisse d’activité en magasins. L’activité de l’habillement a été fortement marquée par la mauvaise météo dans le nord de la France alors que l’activité a été meilleure dans le sud. Les différences régionales sont très fortes : alors que la fréquentation des magasins est en baisse en moyenne de – 0,7 % sur l’ensemble de la France, elle a été marquée par de très fortes baisses en Normandie (- 8,8 %), dans les Hauts de France (- 5,4 %) ou en Bretagne (-3,1 %).

Le secteur cadeaux-culture-jouet termine le mois en baisse significative (-4,5 %), les enseignes très présentes dans Paris ont été fortement pénalisées par les fortes difficultés de trafic client notamment (absence de touristes à l’approche des Jeux et impacts très forts sur la mobilité des clients).

L’activité de la restauration est négative en juillet (-1,4 %) avec une très forte baisse à Paris (- 8,7 %). L’alimentaire spécialisé (- 0,5 %) a été confronté aux problèmes météorologiques et de trafic à l’approche des JO également. Le secteur de la beauté termine avec une activité légèrement positive (+ 5,2 %).

«En effet, l’activité des magasins parisiens est très en retrait du fait des impacts très importants de la préparation des jeux olympiques et du déroulement de la cérémonie d’ouverture. L’activité des magasins du commerce spécialisé subit une baisse moyenne de – 9 % à Paris (contre – 2,5 % sur l’ensemble de la France) soit un écart négatif de 6,5 % en comparaison de l’activité France», note la fédération.

Jeux Olympiques commerces de proximité @clesdudigitalLes touristes n’ont sans doute pas privilégié le shopping

Les chiffres de l’IFM (Institut français de la mode) issus de son panel Panel vont dans le même sens. Les chiffres d’affaires de juillet sont inférieurs de 3,5 % à ceux de juillet 2019. Les ventes d’habillement et textile des distributeurs ont également enregistré une légère baisse de 1,5 % en valeur par rapport à juillet 2023. «Les soldes d’été qui se sont terminés le 23 juillet n’ont pas permis une hausse des ventes. En outre, si les touristes sont venus nombreux pour les Jeux olympiques, ils n’ont sans doute pas privilégié le shopping», note l’IFM Panel.

Si les ventes en ligne de mode enregistrent une hausse de 4,2% par rapport à l’an dernier, l’activité des points de vente physiques recule de 3,6%. Les grands magasins et magasins populaires (Monoprix) enregistrent les plus fortes baisses à moins 7,6%.

«Bien entendu, il faudra faire un bilan final à l’issue de l’été», estime Procos. «Quelle sera l’évolution cumulée fin août sur l’ensemble de l’été, sachant que ce mois pèse de manière très différente selon les secteurs et selon les régions ? Quels seront les activités et acteurs gagnants et ceux qui, malheureusement, auront été fortement impactés, en particulier dans certains sites et rues de commerce ? Ceci d’autant plus que les stratégies des acteurs auront été différentes, certains auront décidé de fermer certains points de vente, d’autres non, ou d’adapter les jours d’ouverture en fonction du trafic constaté. Nul doute que la météo des semaines à venir aura également des conséquences.»

La commission d’indemnisation étudiera les demandes début 2025

D’ores et déjà un peu plus de 135 entreprises auraient contacté la commission d’indemnisation des acteurs économiques depuis l’ouverture de sa boîte mail fin juin, selon un article publié par France Info. Il s’agirait dans la majorité des cas de commerces parisiens dans le secteur de la restauration, pénalisés notamment par les dispositifs de sécurité. Pour bénéficier d’une indemnisation, seuls les professionnels exerçant dans les zones où des restrictions étaient en place peuvent prétendre à un dédommagement selon le ministère de l’Économie et seuls les « préjudices économiques directement liés aux décisions restrictives prises par l’État » pourront être indemnisés. La baisse de fréquentation due à la fuite de la capitale des habitants et des touristes en raison des JO n’est ainsi pas indemnisable. Enfin, « le préjudice doit être certain et ne pas uniquement correspondre à un bénéfice escompté qui ne se réaliserait pas». Les demandes d’indemnisation devront être « déposées en ligne à compter de début 2025 sur la base des comptes 2024 qui feraient apparaître le préjudice à l’aune de l’année complète », a indiqué le ministère.

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