Les Français sont de plus en plus connectés et les usages d’internet ne cessent de se multiplier, mais l’inquiétude sur le manque de protection des données personnelles s’accroit selon les résultats du dernier Baromètre du numérique, publié par le CREDOC, enquête annuelle mesurant l’adoption des équipements et des usages numériques en France. En voici quelques extraits.
Des internautes de plus en plus nombreux, y compris parmi les Français âgés de 70 ans et plus, le smartphone devenu l’équipement numérique le plus répandu, des achats en ligne qui repartent à la hausse, plus d’inquiétude sur la fuite de ses données personnelles avec l’essor de l’IA : voici quelques-uns des points saillants issus du baromètre du numérique 2025 mené à la demande de l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse), de l’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique), du CGE (Conseil Général de l’Économie, de l’Industrie, de l’Énergie et des Technologies) et de l’ANCT (Agence Nationale de la Cohésion des Territoires.) Les résultats publiés par le Credoc (Centre de Recherche pour l’Étude et l’Observation des Conditions de Vie) s’appuient sur une enquête menée du 5 juillet au 6 août 2024 auprès de 4 066 personnes de 12 ans et plus.
Le smartphone devenu un outil du quotidien devant l’ordinateur
Premier constat : les internautes, quel que soit le mode de connexion, n’ont jamais été aussi nombreux. Ils sont 94 % à se connecter désormais à internet, soit trois points de plus qu’en 2023. Parmi ces internautes, 82 % le font tous les jours. Le smartphone est par ailleurs devenu un outil du quotidien pour 91 % de la population qui en possède un, devant l’ordinateur (89 %) ou la tablette (54 %). Son adoption par les 12-17 ans est presque systématique (96 %) et les 70 ans et plus en sont de plus en plus équipés (70 %, soit huit points de plus en un an) avec de plus en plus de mobiles compatibles avec le réseau 5G, (44 % de détention au sein de l’ensemble de la population).
Tous les usages sur mobile progressent : 89 % des répondants utilisent leur smartphone pour naviguer sur internet (+4 points en un an), 85 % pour envoyer des messages via des applications de messageries instantanées (+5 points) ou encore 78 % pour téléphoner via des applications (+4 points) et tout autant pour télécharger des applications (78 %, +6 points). En outre, 28 % des détenteurs de smartphone déclarent utiliser leur appareil pour des paiements sans contact, en particulier les 18-24 ans (49 %).
Si 82 % se connectent le plus souvent avec le navigateur proposé par l’OS par défaut, quatre mois après l’entrée en vigueur du règlement sur les marchés numériques ou Digital Markets Act (DMA), un quart des utilisateurs qui ont eu connaissance de cette disposition règlementaire ont changé de navigateur.
Par ailleurs un tiers de la population (33 %) dispose d’une enceinte connectée (+4 points en un an). «Plus généralement, les objets connectés se sont largement diffusés ces dernières années dans la population, qu’il s’agisse d’objets relatifs à la santé, à la sécurité, à la domotique ou à l’électroménager. Le taux de possession d’au moins un de ces objets s’élève à 40 % en 2024, » relèvent les auteurs du baromètre.
La télévision fait de la résistance et les usages d’internet se multiplient
En 2024, les Français restent très attachés à la télévision. Si le multi-équipement tend à diminuer, plus de 9 sur 10 (94 %) d’entre eux détiennent au moins un poste de télévision et 92 % regardent des programmes télévisuels, le plus souvent sur un téléviseur (87 % d’entre eux). En revanche les jeunes ont un usage plus marqué des autres écrans numériques pour les visionner : près de la moitié des 18-24 utilisent le plus souvent un ordinateur, une tablette ou un smartphone.
Pour 75 % des Français, Internet sert à rechercher des itinéraires pour se déplacer, 67 % y prennent leurs rendez-vous médicaux, 31 % y défendent des causes, par exemple sous forme de pétition, 29 % y cherchent un logement à louer ou à acheter et tout autant (29 %), y cherchent un emploi. Les démarches administratives en ligne sont devenues une pratique courante pour une large majorité de la population française Enfin, après un recul en 2023, les achats en ligne de biens non alimentaires, progressent à nouveau en 2024 et renouent avec les niveaux observés en 2022. 77 % de la population française en a réalisé un (+4 points en un an). Toutes les catégories de la population sont concernées, à l’exception des 18-24 ans, plus durement touchés par l’inflation (69 % d’achats réalisés par cette tranche d’âge en 2024 contre 82 % en 2022).
L’habillement est tout particulièrement propice aux achats en ligne : 56 % des Français ont acheté de l’habillement sur Internet, devant les livres ou la musique (40 %) dont l’acquisition via le numérique a toutefois bondi depuis 2006 (+26 points) avec l’essor des plateformes d’abonnement. Les services et les produits alimentaires attirent également : 38 % ont effectué des réservations d’hôtel ou de location pour les vacances sur internet, 33 % ont commandé des billets de train ou d’avion et 33 % ont acquis des produits alimentaires. Les pratiques de consommation sur Internet concernent également la seconde main puisque 52 % ont réalisé au moins un achat ou une vente au cours des douze derniers mois sur des sites internet spécialisés dans de domaine.
Une consultation des réseaux sociaux en hausse, souvent plus passive qu’active
Autre usage phare d’internet, la fréquentation quotidienne des réseaux sociaux s’accroît : 75 % des internautes consultent au moins une fois par jour un réseau social (+3 points en un an). Cette consultation est souvent plus passive qu’active. 62 % des utilisateurs de réseaux sociaux lisent les contenus et commentaires publiés par d’autres tous les jours mais seuls 29 % partagent ou commentent ces contenus créés par d’autres quotidiennement. Un sur cinq (19 %) y publient quotidiennement des contenus qu’ils ont eux-mêmes créés (textes, vidéos, photos…). Les disparités selon l’âge sont importantes : seuls 45 % des 70 ans et plus y publient du contenu, que ce soit tous les jours ou moins souvent, contre 76 % des 12-17 ans.
Sous l’effet de ces multiples usages, 41 % de la population déclare passer plus de trois heures par jour devant les écrans pour un usage personnel, dont la moitié, soit 20 % de la population, plus de 5 heures par jour. Cette utilisation des écrans va de pair avec le sentiment d’y passer trop de temps. Plus de quatre personnes sur dix indiquent que le temps qui leur est consacré est trop important. De façon générale, 65 % de la population préfère accomplir une activité de leur vie quotidienne en se déplaçant, de manière physique, plutôt qu’en ligne. 82 % privilégient par exemple le déplacement en magasin pour leurs courses alimentaires et 64 % pour leurs vêtements.
Une inquiétude sur protection des données personnelle qui s’accroit avec l’IA
L’inquiétude pour le manque de protection des données personnelles, qui avait considérablement reculé depuis 2019, a progressé de 13 points en l’espace d’un an (33 %). « Cette résurgence pourrait s’expliquer par l’émergence de nouvelles technologies, telles que l’intelligence artificielle, qui posent la question de la gestion des données de manière nouvelle. » Et de fait, la méfiance à l’égard de l’IA reste majoritaire au sein de la population (56 %). Les risques de destruction d’emploi (62 %) et les conséquences négatives concernant la création artistique (53 %) sont les deux motifs d’inquiétude les plus fréquemment associés a leur développement, suivis de près par les dégâts causés sur l’environnement (consommation accrue de ressources), le développement durable (48 %) ou les craintes des impacts sur l’éducation et la formation (47 %).
Mais ces craintes n’empêchent pas les usages des outils d’intelligence artificielle de progresser fortement: 33 % des Français en ont déjà utilisé en 2024, contre 20 % en 2023. Les usages dans le cadre de la vie privée dominent (26 %, +10 points en un an), et dépassent de peu ceux liés à la vie professionnelle (22%, également +10 points sur la même période). La méfiance vis-à-vis de ces outils recule avec l’usage personnel de ceux-ci : seules 26 % des personnes ayant déjà utilisé l’un de ces outils s’en méfient (contre 71 % de celles n’en ayant jamais utilisé), laissant augurer une meilleure acceptation future de ces outils.
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