Lara Rouyres : l’entrepreneuriat chevillé au corps

Temps de lecture : 4 minutes

création de trois jeunes pousses @clesdudigitalLara Rouyres, aujourd’hui présidente des startups Levia.ai et de Selectionnist, a déjà la création de trois jeunes pousses à son actif.

Les séries télévisées peuvent aussi faire naitre des vocations. C’est en regardant Ally McBeal, une série américaine mettant en scène une avocate trentenaire à l’imagination débridée que Lara Rouyres a commencé à faire des études de droit. «J’hésitais alors entre une prépa ou le droit. Mais j’ai été attirée par l’esprit d’indépendance et l’autonomie de cette avocate farfelue», se souvient Lara Rouyres, entrepreneuse, aujourd’hui présidente des startups Levia.ai et Selectionnist et chairman de La French Tech Grand Paris (FTPG).

Issue d’une famille d’entrepreneurs, bonne élève, dotée d’un profil généraliste avec une spécialité maths et économie après un parcours dans un lycée européen, elle intègre la fac de Nanterre pour un double cursus de droit et d’allemand. Elle continuera ensuite ses études à HEC pour obtenir un master droit et management. «J’ai fait l’école d’avocat et commencé à exercer pour me rendre compte au bout de six mois que je n’étais pas à ma place et que ce métier dans lequel je m’étais projeté ne correspondait pas à mon désir d’indépendance. Je faisais de la propriété intellectuelle et c’était un métier de technicien, loin de ce qui avait été projeté dans cette série». Avec cette envie d’entreprendre qui n’a cessé de la démanger, elle créé Dealissime.com, un site e-commerce de ventes événementielles qui met en relation des commerces de proximité et des consommateurs. «Aller vers le digital semblait naturel à cette époque et je me suis inspirée des sites Vente Privée (aujourd’hui Veepee), MyLittle Paris et Groupon. Ce marché était encore naissant en France».

Pour la lancer Lara Rouyres s’est associée à Tatiana Jama, rencontrée sur les bancs de son école de commerce. «On m’avait conseiller d’aller chercher un homme avec un profil technique mais j’ai fait le choix du cœur et de la motivation». Les deux jeunes entrepreneuses ont tout à apprendre et leur candeur est aussi un atout. Elles avancent et bénéficient du soutien d’HEC et de son incubateur. Trouvant vite son public, le site connaît un succès grandissant et un an après sa création, en juin 2011, Dealissime est racheté par le groupe américain LivingSocial et devient LivingSocial France. «Cela a confirmé mon envie d’entreprendre. Nous avons ressenti des montées d’adrénaline assez dingues. J’étais jeune et c’était très enrichissant. J’ai donc continué sur ma lancée. Ce que j’aime avant tout c’est l’innovation et la créativité».

création de trois jeunes pousses @clesdudigitalUne nouvelle start-up basée sur la reconnaissance d’images

Après cette première aventure, les deux associées cofondent en 2014 The Selectionnist, une application web qui permet de retrouver les produits vus dans les magazines. «L’idée a germé après notre première expérience. Pour Dealissime, nous avions pris l’habitude de sourcer les commerces en épluchant la presse. Nous avions une pile de magazines dont on découpait les pages un peu comme le faisait nos grands mères. Mais avec la photo comme aide-mémoire. L’idée à été de transformer cette photo en quelque chose d’interactif». L’application mobile et le chatbot qui ont été développés, reposent sur une technologie de reconnaissance d’images et font le lien entre le digital et le print permettant en une photo de reconnaître n’importe quel produit présent sur une image. En 2015, Selectionnist boucle sa première levée de fonds, de deux millions d’euros, auprès du fonds français Elaia Partners (qui a notamment investi dans Criteo et Sigfox) et d’un family office et les dirigeantes vont continuer sur leur lancée en imaginant une offre BtoB permettant aux marques de savoir où et quand sont vus et achetés leurs produits. «Progressivement, des enseignes du retail nous avaient demandé si l’on pouvait apporter le même service pour leurs catalogues. Nous nous sommes entourées de profils techno et avons continué à travailler sur ces sujets pour BtoB». Avec sa solution VisualBot by Selectionnist, la jeune pousse accompagne désormais  les marques dans la conception et le développement de chatbots dédiés au secteur retail notamment dans les secteurs de la mode et de la beauté.

création de trois jeunes pousses @clesdudigitalLa créativité et l’innovation comme moteurs

Mais l’aventure entrepreneuriale n’est pas terminée. En 2016 Levia.ai voit le jour. Cette start-up «API first» est spécialisée dans les technologies conversationnelles. «Nous avons développé des produits pour l’e-commerce avec des outils de traitement du langage. Nous nous penchons sur les parcours d’achats et éditons des solutions consacrées à l’avant-vente. Comment rendre possible l’expression d’une requête sur un site web si par exemple je recherche une robe de mariage en taille 36 . Ces outils conversationnels simplifient la recherche et contribuent à lever les freins à l’achat. «Seul Amazon propose cette technologie. Nous l’avons copié sans le savoir», explique Lara Rouyres qui avoue avoir «l’entrepreneuriat chevillé au corps ». Une passion qui l’a conduite à présider la French Tech Grand Paris, une association qui rassemble les startups, les scale-ups, les investisseurs et les leaders du digital franciliens. «J’aime travailler en équipe, manager par le projet et c’est l’innovation et le lien avec le client qui me motivent. A la French Tech, nous sommes là pour aider et soutenir l’écosystème francilien, monter des événements, faciliter les rencontres avec les pouvoirs public, aider les financements. Je porte aussi les sujets de l’inclusion et de la diversité, du rôle des femmes dans la tech».

Lara Royres intervient aussi régulièrement lors de master class sur les thèmes de la deep tech et de l’intelligence artificielle. «Mes journées sont bien remplies», explique cette maman de trois petites filles. «Tout mon temps est consacré à ma passion pour ces sujets et à l’éducation de mes filles. Mon rôle est aussi de leur faire aimer les maths», ajoute l’entrepreneuse qui s’interroge aujourd’hui sur cette réforme du lycée qui a entrainé une baisse de la part des filles faisant des maths en terminale. «Il pleut des licornes, la tech recrute à tour de bras, diversité et inclusion sont au cœur de toutes les stratégies… mais on perd les jeunes filles dès le lycée ? Je n’ai peut-être pas fait assez de maths en terminale mais je crois qu’on a un problème d’offre et de demande», a t-elle récemment posté sur le réseau Linkedin.

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