La France gagne en compétitivité numérique mais doit encore faire beaucoup d’efforts pour rattraper les leaders européens.
Selon une étude de la Commission Européenne qui établit depuis 2015 des rapports sur « l’indice relatif à l’économie et à la société numériques ou DESI », la France occupe la 15ème place du classement des 28 états membres. Si le pays progresse dans plusieurs chapitres examinés, il est encore à la traine sur plusieurs points.
Un nombre de « licornes » encore limité
Les startups françaises du secteur numérique deviennent de plus en plus attrayantes pour les investisseurs étrangers, mais rencontrent souvent des difficultés pour se développer. Les transactions d’un montant égal ou supérieur à 50 millions d’euros sont encore peu nombreuses et le nombre de «licornes» françaises (c’est-à-dire d’entreprises privées dont la valorisation dépasse un milliard de dollars) reste limité. « Les initiatives basées sur des fonds d’investissements ont été renouvelées dans le cadre du programme Investissements d’avenir et un nouveau fonds (le fonds French Tech Seed, doté d’une enveloppe de 400 millions d’euros) a été créé pour soutenir les startups technologiques en phase initiale de développement, en particulier les start-ups «deep-tech» et celles de moins de trois ans. Parmi les initiatives privées majeures, citons Station F fondée en juin 2017 et qui est devenue le plus grand incubateur d’entreprises au monde ».
La France est également engagée dans le développement de technologies numériques innovantes. Le rapport cite, entre autre, la stratégie nationale pour l’intelligence artificielle («AI For Humanity») qui prévoit 1,5 milliard d’euros d’investissements publics d’ici à 2022 (dont 400 millions pour l’innovation). La mobilité, l’environnement, la sécurité et la santé, avec notamment la création d’un «Health Data Hub», font partie des domaines prioritaires. Le Fonds pour l’innovation et l’industrie a également commencé à financer deux grands projets (des «grands défis») sélectionnés par le Conseil national de l’innovation dans le domaine de l’intelligence artificielle.
Pas assez de diplômé.e.s dans les nouvelles technologies
Pour le chapitre relatif au « capital humain », la France se situe dans la moyenne du classement. « Les niveaux de compétences numériques de la population française sont comparables à la moyenne de l’UE: environ 57 % des personnes âgées de 16 à 74 ans possèdent au moins des compétences numériques de base en 2017 ». Elle se situe également dans moyenne sur la part des spécialistes des « Technologies de l’information et le la communication » (TIC) dans la main-d’œuvre (3,7 % en 2017), même si le pays est encore loin des premiers du classement. Environ 17 % des entreprises françaises employaient des spécialistes des TIC en 2018 (19,6 % en moyenne dans l’UE), avec de fortes variations entre les PME (15 %) et les grandes entreprises (75 %). En outre, 54 % des entreprises ayant tenté de recruter des spécialistes des TIC ont fait état de difficultés à pourvoir les postes vacants en 2018, contre 42 % un an auparavant. La part de diplômés dans ce domaine est relativement faible en France au regard de la norme européenne. En 2018, plusieurs mesures ont été annoncées (pass numérique, médiation numérique, Hubs France, Semaine européenne du code,..). « Si les efforts de la France dans ce domaine vont dans la bonne direction, il sera important de veiller à ce que ces initiatives répondent bien aux besoins du pays en termes de compétences numériques avancées ».
Peu de petites entreprises vendent en ligne
Entre 2016 et 2018, la part des entreprises françaises utilisant la facturation électronique et l’informatique en nuage (cloud) est passée respectivement de 11 % à 16 % et de 12 % à 15 %. La part des entreprises utilisant des solutions de partage d’informations électroniques est plus élevée que pour l’ensemble de l’UE. Cependant, les entreprises actives sur les réseaux sociaux sont relativement moins nombreuses. Dans le même ordre d’idées, les niveaux d’adoption du commerce électronique restent inférieurs à la moyenne de l’UE et varient considérablement selon la taille des entreprises: seulement 15 % des petites et moyennes entreprises vendent en ligne, contre près de 44 % des grandes.
Les ménages français mieux connectés
Les avancées les plus notables ont été enregistrées dans le domaine de la connectivité même si elle n’occupe que la 20ème position du classement général. Les ménages français sont presque entièrement couverts (près de 100%, contre 97 % pour la moyenne européenne) par le haut débit fixe et 73 % sont abonnés au haut débit fixe, soit un taux légèrement inférieur à la moyenne européenne de 77 %. La situation en matière de réseaux plus performants est plus complexe : seuls 58 % des ménages français disposent d’une couverture NGA (accès de nouvelle génération ou réseaux à haut débit rapide offrant au moins 30 Mbps), et seuls 20 % utilisent effectivement le haut débit rapide. « Ces chiffres sont nettement inférieurs à la moyenne de l’UE qui est, respectivement, de 83 % pour la couverture NGA et de 41 % pour l’abonnement au haut débit rapide. En revanche, une part très importante de l’ensemble des lignes NGA sont des lignes à très haut débit et les progrès d’une année à l’autre sont considérables. Le Plan France très haut débit a pour but de couvrir l’ensemble des territoires français avec des débits de 30 Mbps ou plus d’ici 2022. De plus, en juillet 2017, le président Macron a déclaré qu’il souhaitait que tous les Français bénéficient, d’ici à 2020, d’un service internet à haut débit de qualité à 8 Mbps ou plus. Le plan prévoit un investissement de 20 milliards d’euros sur 10 ans », note le rapport. La 5G devrait pour sa part être commercialement disponible dans au moins une grande ville dès 2020 et les grands axes devraient être couverts en 2025.
« Le développement en temps utile de technologies génériques, comme l’internet des objets, les réseaux 5G, le calcul à haute performance et, plus généralement, l’économie des données, sera l’une des clés du succès . Il sera également crucial de continuer à veiller à ce que les entreprises de toutes tailles et de tous secteurs puissent bénéficier de la numérisation », conclut ce rapport.
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