La tribune d’Olivier Boyot, Director Solution Consulting-EMEA chez Infor
L’industrie de la mode est l’un des secteurs d’activités le plus questionné quant à son impact environnemental. Ce n’est en effet un secret pour personne que la production de vêtements implique une forte utilisation de ressources stratégiques comme l’eau et ce, d’un bout à l’autre de la chaîne de fabrication. Aujourd’hui, la pression s’exerce sur ces entreprises pour qu’elles fassent preuve d’une véritable transparence dans la chaîne d’approvisionnement étendue (ce que l’on appelle communément les fournisseurs de rang 1 à 4, le scope 3 ou le Cradle-to-Gate).
De nombreuses entreprises prétendent être durables et éthiques, mais sont-elles à même de le prouver ? Alors que la réglementation ne cesse d’évoluer et que les consommateurs sont de plus en plus exigeants envers leurs marques de mode préférées concernant leur impact environnemental, celles-ci sont mises au pied du mur et doivent désormais aller au-delà de la simple déclaration de conformité.
Compte tenu de tous ces constats,les détaillants et fabricants n’ont plus le choix et doivent définitivement envisager de mettre en place des actions et moyens efficaces et vérifiables quant à leur démarche de soutien et de participation à un avenir plus durable. Voici quelques pistes de réflexion et d’engagement pour y parvenir.
Concevoir des produits durables et conformes.
La véritable durabilité se conçoit d’un bout à l’autre de la chaîne de production, en commençant par les approvisionnements et en se poursuivant à toutes les étapes de la fabrication. Les processus, les matières, comme les techniques de production des nouvelles collections, ont tous un impact sur l’environnement. L’accès aux données de mesure d’impact et une réflexion innovante doivent être appliqués du début à la fin. Les outils modernes de gestion du cycle de vie des produits (PLM) peuvent aider les marques de mode à gérer les détails de la composition des matières jusqu’au niveau des fils et des fibres, avec des informations sur le pays d’origine, le fournisseur, la conformité et les normes de test. Un PLM (Product Lifecycle Management) performant peut également aider les entreprises à s’engager avec leurs partenaires en temps réel pour gérer la chaîne d’approvisionnement à plusieurs niveaux, et pas seulement au niveau du fournisseur principal de niveau 1. Grâce à un approvisionnement et à des conceptions plus réfléchies, les produits peuvent durer plus longtemps et être utilisés par plusieurs générations.
Prolonger le cycle de vie d’un produit en pensant à son recyclage au moment de sa conception
Malheureusement, de nombreux produits finissent dans une décharge à la fin de leur cycle de vie. Parfois, un vêtement est jeté prématurément à cause d’une déchirure ou d’une tâche. Les marques de mode devraient envisager des moyens de prolonger le cycle de vie et proposer des services autour des produits existants, tels que des services de réparation, de location, de revente et de recyclage. L’intégration avec des plateformes de revente peut, par ailleurs, aider à valoriser et écouler les stocks invendus plutôt que de les gaspiller.
Par exemple, GAMA Recycle Sustainable Technologies, le plus grand producteur mondial de fils et de fibres en plastique recyclé, donne une nouvelle vie aux produits recyclés et réduit la pollution environnementale en remplaçant les matériaux vierges par des fils et du coton régénérés. GAMA produit quotidiennement jusqu’à 100 tonnes de fibres de polyester recyclées et s’appuie sur un logiciel ERP moderne pour prendre en charge la collaboration de bout en bout de sa chaîne d’approvisionnement. Une plateforme d’applications d’entreprise moderne, basée sur le cloud, peut aider à gérer un large éventail de modèles économiques, dans le but de soutenir une économie circulaire offrant aux fabricants de mode de multiples options pour promouvoir l’expérience de leurs marques.
Les marques peuvent également adopter une démarche durable en utilisant des tissus de qualité et des emballages pérennes pour leurs collections.Même si cela représente une hausse du prix pour le consommateur final, le fait de présenter cette augmentation comme une action à valeur ajoutée pour lui-même et la planète, d’allonger la durée de vie des produits et de soutenir la durabilité, peut s’avérer payant à terme. Selon une enquête récente de McKinsey, 60% des participants déclarent faire des efforts pour recycler et acheter des produits dans des emballages respectueux de l’environnement ; 67% considèrent l’utilisation de matériaux durables comme une réelle motivation d’achat et 63% sont sensibles à l’engagement des marques dans une démarche durable. Ainsi, pour satisfaire leurs clients, les marques de mode doivent définitivement trouver des moyens de se comporter en fabricant éco-responsable et ce, tout au long de la chaîne de valeur étendue : du coton au consommateur et le prouver par des données factuelles.
Démultiplier, consolider et publier les preuves de leur engagement
Outre l’introduction de produits et de processus à faible impact, les marques de mode doivent offrir aux parties prenantes, aux consommateurs et aux autorités réglementaires une visibilité et une transparence concernant leurs programmes de développement durable. Les données spécifiques liées à la durabilité, telles que l’utilisation de l’eau, l’empreinte carbone, la consommation d’énergie et la composition des produits, doivent être collectées et gérées, puis évaluées à l’aide d’une plateforme de veille économique.
Pour partager des informations pertinentes, les marques de mode peuvent utiliser un passeport numérique propre à chaque produit pour stocker des données. En scannant l’étiquette de style ou le QR-Code d’un vêtement, les consommateurs pourront ainsi accéder à des informations sur sa durabilité, telles que la façon dont il a été fabriqué, sa composition, ses options de fin de vie et son empreinte transport/CO2.
Le processus de mesure de l’impact environnemental d’une marque (du niveau 1 au niveau 4) peut être complexe et long et certaines lacunes concernant des données doivent être comblées. Il existe pourtant des solutions ! En s’associant à des solutions de mesure d’impact dédiées, les marques peuvent offrir une véritable transparence quant à la fabrication de leurs produits et s’assurer qu’elles répondent aux exigences des consommateurs et des réglementations gouvernementales.
La véritable durabilité exige donc la collecte de données et la visibilité à tous les niveaux de la chaîne de fabrication, ainsi qu’une conception basée sur des principes de durabilité et de de recyclabilité en amont de la phase de conception. Les consommateurs sont de plus en plus sensibles aux valeurs environnementales et la transition des modèles commerciaux traditionnels vers des modèles économiques basés sur le principe d’une mode circulaire nécessite une transformation opérationnelle, mais présente aussi la possibilité d’ouvrir de nouvelles voies vers une nouvelle croissance économique et environnementale.
Pour atteindre cet objectif, les marques doivent dès aujourd’hui lancer des initiatives concrètes dans ce sens !
Olivier Boyot possède un profil d’ingénieur en informatique, doublé d’une formation supérieure en finance et comptabilité. Ses expériences successives chez Infor l’ont conduit à exercer différents rôles de management dans l’organisation Solution Consulting, tout en conservant un rôle opérationnel et une véritable proximité avec les clients et prospects. Après avoir été en charge des équipes avant-vente ERP pour l’Europe du Sud, son périmètre de responsabilités a été étendu à l’ensemble des équipes de consultants dans le domaine de l’industrie de la mode et du luxe au niveau international.
Je souhaite lire les prochains articles des Clés du Digital, JE M’INSCRIS A LA NEWSLETTER
Laisser un commentaire