Fondatrice de AdVaes, ancienne sportive de haut niveau, Emmanuelle Olivié-Paul décrypte les stratégies éco-responsables des prestataires de l’écosystème du cloud et de la donnée.
Quand elle était plus jeune, Emmanuelle Olivié-Paul ne tenait pas en place. Curieuse, avide de découvertes, elle n’aimait déjà pas la routine. Et c’est sans doute pour canaliser toute cette énergie que ses parents l’ont inscrite dès ses huit ans à un cours d’escrime. Un sport qui est devenu sa passion. En quelques années, à force d’entrainement et de persévérance, elle est devenue une championne, pratiquant ce sport à un haut niveau. De 1988 à 1996 elle a enchainé les prix, seule ou en équipe, et a été classée dans le top 6 des meilleures françaises en fleuret féminin. «D’une telle pratique sportive, on en tire beaucoup humilité. Il faut s’accrocher, se poser des objectifs, continuer à se challenger, réfléchir… c’est un sport individuel mais qui oblige à s’entrainer en équipe, qui apprend à construire avec l’autre», estime Emmanuelle Olivié-Paul aujourd’hui à la tête de AdVaes, une société qu’elle a fondée en 2020 et qui est spécialisée dans l’analyse des stratégies de RSE et des indicateurs ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) des prestataires de solutions numériques. Son seul regret est d’avoir du batailler pour concilier ses études et sa vie de sportive.
Un goût pour les technologies
Avec son bac scientifique et son profil de matheuse, son intérêt marqué pour l’électronique, elle avait tous les atouts pour suivre un parcours d’ingénieure . «Mais il est très difficile de suivre un double cursus sport et études en France. L’une des seules écoles qui proposait un parcours en deux ans au lieu d’un était l’ INSA (Institut National des Sciences Appliquées) de Lyon», se souvient Emmanuelle Olivié-Paul. Un accident, des notes en physique qui n’étaient pas assez élevées l’ont finalement conduite à suivre des amies et à intégrer une classe prépa et l’ISC Paris, une école de commerce où elle obtiendra un master en marketing. Pour autant, son goût pour les technologies ne l’a pas quittée.
Ses premiers stages et expériences professionnelles s’effectueront dans son domaine de prédilection : chez Schlumberger Industries et au Centre national d’études spatiales (CNES). «Au CNES j’ai eu la chance de travailler dans une petite structure, une sorte de spin-off qui a été lancée pour la création d’un logiciel satellitaire au service de l’agriculture». En parallèle, elle continue à pratiquer l’escrime en tant qu’externe à l’Insep, l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance, qui prépare les champions français. Elle passera aussi quelques mois au marketing de Landis+Gyr, une société suisse qui produit alors des publiphones à pièces. «J’assistais un ingénieur de formation sur des études de marché et j’étais déjà dans des sujets prospectifs. Les mobiles en étaient à leurs balbutiements mais on commençait à parler des cartes du futur».
Si l’escrime reste sa passion elle doit désormais faire des choix professionnels plus impliquants. «Je recherchais toujours ces compétences technologiques mais j’avais aussi le désir de prendre de la hauteur, d’être dans les analyses», raconte Emmanuelle Olivié-Paul qui devient alors consultante chez SagaTel, une société d’étude et conseil en télécommunications et applications en réseaux. Là encore elle navigue dans des sujets prospectifs, mais elle reste dans l’opérationnel en rencontrant des directions métiers, des DSI. Internet prend alors ses marques. D’autres portes s’ouvrent. Emmanuelle Olivié-Paul devient responsable du programme d’études de marché mondial « Services opérationnels » chez Input, une entreprise d’origine américaine, où elle restera un peu plus de quatre ans. Puis elle est appelée par Sylvie Chauvin, qui vient de fonder Markess International. La société d’études indépendante se veut experte des marchés du numérique et des stratégies de transformation digitale. Au fil des années, elle deviendra incontournable dans les domaines de l’expérience client, du cloud, des RH, de la dématérialisation, de l’analytique, du big data ou encore pour sa connaissance pointue du secteur public. «J’avais connue Sylvie Chauvin quelques années auparavant. Je l’ai suivie et elle m’a proposée de devenir son associée. Elle portait la direction financière et nous avons commencé à structurer une équipe d’analystes».
Le soutien d’un solide réseau
Emmanuelle Olivié-Paul restera un peu plus de 20 ans chez Markess et quittera l’entreprise quelque temps après son rachat par Exaegis, agence de notation du secteur du numérique présidée par Laurent Briziou. Pendant toutes ses années, Emmanuelle Olivié-Paul a partagé sa vie entre ses exigences professionnelles et l’éducation de ses filles, sans jamais être dans la routine. «Il y avait toujours des choses nouvelles à découvrir mais une nouvelle étape s’est dessinée après l’acquisition. J’étais dans un nouveau cycle personnel. Mes enfants avaient grandi. Je m’interrogeais sur le projet d’entreprise du repreneur». La période est difficile et certains membres de l’équipe sont fragilisés. Il est temps de partir pour Emmanuelle Olivié-Paul et de voler de ses propres ailes, sans y laisser des plumes. «A ce moment là, je voulais faire une pause, faire un voyage avec mes parents. Et la pandémie est arrivée». C’est le moment de concrétiser son besoin de créer qui la titille depuis longtemps déjà. «Je savais que je le ferais un jour. J’aurais peut-être du le faire avant. Mais je n’ai pas de regret». Au fil des années, Emmanuelle Olivié-Paul s’est construit un solide réseau. Ses observations lui montrent que les grands acteurs du cloud comme Salesforce ou Google commencent à se positionner sur les sujets de la RSE. «J’ai vu que quelque chose se passait. Petit à petit à force d’itération et avec ma ligne directrice j’ai fait mon business plan. J’étais par ailleurs de plus en plus sensibilisée à ces sujets d’éco-responsabilité, à l’équité et la parité, à la non discrimination, à l’éthique.A titre personnel j’ai fait du mécénat pour promouvoir le handicap dans le sport».
Une entreprise engagée
L’entreprise qu’elle a fondée est conseil en stratégie et fournit un service d’information et des données sur les indicateurs RSE des prestataires de l’écosystème du cloud et de la donnée. Elle est déjà membre de Numeum (Programme 5000 startups) et d’EuroCloud France. Au sein de ces associations, elle contribue à plusieurs groupes de travail et commissions (Cloud et Ecoresponsabilité, Travail sur la Taxonomie, commission Cloud et Data, Comité Numérique et Environnement) et est signataire du manifeste Planet Tech’Care, une initiative rassemblant un réseau de partenaires dont l’ambition est d’accompagner les entreprises qui souhaitent intégrer le numérique dans leur trajectoire environnementale. Enfin AdVaes est engagé dans les actions de Femmes Numérique et est actionnaire de l’entreprise à mission Time for The Planet. Cap Digital vient par ailleurs de lui apporter son soutien.
«A terme, nous allons monter une plateforme de données avec des indicateurs ESG pour suivre, faire de la veille», explique Emmanuelle Olivié-Paul qui s’appuie sur un réseau de prestataires extérieurs et d’experts. «Aujourd’hui je construis. Je suis moins sur des missions de conseils. Tout est très motivant». Emmanuelle Olivié-Paul a un peu laissé tomber son fleuret, «un sport dur», mais n’abandonne pas pour autant les exercices physiques, le vélo, la marche, les échanges aussi avec ses filles devenues grandes. «Ces échanges inter-générationnels nous challengent. C’est une richesse et c’est très important».
Je souhaite lire les prochains articles des Clés du Digital, JE M’INSCRIS A LA NEWSLETTER
Laisser un commentaire