Elya Hasson revient sur son parcours aux piliers entrepreneurial et marketing digital, sans oublier sa passion pour la nature humaine.
Elya Hasson est de ces femmes d’affaires dont la double casquette revêt à la fois une dimension professionnelle, mais également personnelle. D’origine turque et auvergnate, cette quadragénaire aux mille projets mène une carrière internationale à deux facettes : l’une relative à Internet, l’autre au «healing» (voie de développement personnel par les médecines alternatives et traditions holistiques). L’origine de ces deux passions ? Son environnement familial, versé dans ces univers antagonistes : «Je suis issue d’une famille dont toute la lignée paternelle travaillait chez IBM ou dans l’informatique. Moi je travaille dans Internet. Je devais être préprogrammée. Et du côté de ma mère, les femmes étaient beaucoup plus tournées vers les domaines life style, holistiques ou pharmaceutiques. Donc c’est dans mes gènes».
Forte de ses expériences de cadre du marketing digital, notamment chez Carrefour et Etam, Elya Hasson se consacre désormais au lancement de sa propre société de e-commerce spécialisée dans le healing. En parallèle, elle s’adonne à des activités de mentoring aux conseils d’administration d’organisations œuvrant en faveur de causes environnementales et sociétales, à l’instar de Labelium et Positive Planet, ou directement liée au e-commerce (Plug and Play Tech Center).
Une conscience écologique chevillée au corps
Si elle a fait de son engagement écologique un véritable leitmotiv, c’est parce qu’il a finalement toujours été là : «J’ai été élevée en partie à la campagne et j’étais passionnée par les systèmes agricoles». C’est ainsi que la jeune femme d’alors, tout juste âgée de 18 ans, s’est mise en tête de travailler dans l’écologie. A cet égard, elle a d’abord fait une école d’ingénieur agronome, l’ISTOM (École supérieure d’ingénieurs en agro-développement international), avant de se spécialiser en agro-marketing à l’Université de Stanford. Considérée comme le cœur de la Silicon Valley, cette université a notamment participé à l’élaboration d’Internet et vu naître certaines des plus grandes entreprises de la tech. Signe du destin ou pas, Elya Hasson y effectuera le virage le plus central de sa carrière quelques années plus tard, qui la conduira à devenir une experte en marketing digital.
La passion de l’entrepreneuriat
Elya Hasson commence sa carrière chez Carrefour où déjà elle veille à la sanité des produits et se mobilise «sur tous les sujets anti-OGM». Elle participera à la mise en œuvre de normes de qualité internationales pour les produits alimentaires et cosmétiques, passera ensuite chez L’Oréal puis à la direction marketing d’Estée Lauder. C’est à ce moment là que la fibre entrepreneuriale la gagne définitivement. Elle confesse d’ailleurs avoir «toujours su» que ce mode de fonctionnement était celui qui lui convenait le mieux. Elle se lance alors corps et âme dans l’aventure de la création d’entreprise. Cette période de sa vie sera marquée par le lancement d’au moins trois sociétés dans le digital, la «sustainability» (ou durabilité) et le e-learning. Avec, toujours, une «vocation à aller vers les autres».
L’entrepreneuse franco-turque fondera aussi sa propre marque de joaillerie éthique, baptisée «J’aime Paris». Cette «très belle marque» comme elle la qualifie, fait encore sa fierté tant elle a su passer l’épreuve du temps. Bien qu’ayant été revendue, elle existe toujours sous le nom de «Jewellery Ethically Minded». Elya Hasson a aussi monté une société de gift-baskets, soit de cadeaux ou box à domicile. «Cette entreprise affichait quelques millions de chiffre d’affaires et vendait des milliers de boîtes». Mais l’entrepreneuse ne compte pas son temps pour la développer : «Tous les week-ends, avec des équipes ou seule, je faisais des cartons. Je mettais le papier, j’écrivais les étiquettes… ». Avant de rappeler ce qu’implique le statut d’entrepreneur : «Quand on démarre une entreprise, on fait. J’ai beau diriger des centaines de personnes en digital, j’ai toujours eu les mains dans le cambouis».
La Silicon Valley, tremplin vers l’univers du e-commerce
Après neuf années passées essentiellement aux États-Unis, où elle confesse «ne pas y retrouver l’esprit entrepreneurial» cher à l’Hexagone, Elya Hasson rentre en France. Un médecin vient de l’informer que sa mère, atteinte d’un cancer, n’a plus que quelques mois à vivre. «J’en parle ouvertement dans mon livre («Le grand livre du healing», ndlr)», déclare-t-elle à propos de cet événement marquant. «Le jeudi, j’ai eu ce médecin qui m’a annoncé cette nouvelle. Et le vendredi matin, une personne que je connaissais et qui travaillait chez Carrefour m’a appelée en me disant : « Écoute, on vient de reprendre Rue du Commerce. Tu connais Carrefour, tu connais le e-commerce. Veux-tu nous rejoindre pour être numéro deux de la boîte ? »» Elya Hasson n’hésite pas. Elle doit rentrer en France et a besoin d’un travail. Tout sera bouclé en vingt-quatre heures. La survenue de ces deux événements majeurs marque un tournant décisif dans sa carrière.
Pendant trois ans, elle prend la tête du marketing digital du site Rue du Commerce, tombé dans l’escarcelle du géant Carrefour après son rachat par Altarea Cogedim. «Le e-commerce, c’est beaucoup de champs d’action : l’acquisition, le CRM, la refonte des sites, les mesures des différents KPI, la data, le parcours, le SEO etc», évoque celle qui va gérer tous ces sujets, mais aussi contribuer à relancer la croissance et le trafic de ce pionnier du commerce en ligne français créé en 1999.
Au sein de Carrefour, Elya Hasson œuvre à «re-digitaliser l’état d’esprit, l’équipe et le mode de fonctionnement». Pour autant, elle ne se sent pas complètement en phase avec l’enseigne de distribution : «Il y avait des décisions prises au niveau du portefeuille d’achats et de ventes qui ne m’incombaient pas et qui n’ont pas permis à la boîte de vraiment atteindre les objectifs que le groupe Carrefour s’était fixés». Rue du Commerce sera finalement revendu à Shopinvest l’année de son départ en 2019.
A la tête d’une nouvelle direction digitale chez Etam
Se présente alors pour cette cadre du e-commerce, une opportunité au sein du groupe Etam. Elle y signe un CDI en tant que directrice générale du groupe en charge du digital. Le poste, qui n’existait pas à son arrivée, est créé sur mesure. Elle travaille pour toutes les marques du groupe dont Etam, Undiz, Maison 123 et une dizaine de pays. «Ma première tâche a été de configurer l’organisation. En quoi pouvait-on aider pour des besoins spécifiques ? Nous avons créé un pôle «groupe» dans lequel il y avait tout le développement des sites, le CRM, l’acquisition, la data et une gestion de projet transversal. Au niveau des marques, nous avons laissé le e-merchandising, les réseaux sociaux et l’animation des sites». Elle restera un peu plus de deux ans dans le groupe de prêt-à-porter et de lingerie avec les missions d’augmenter le poids du e-commerce dans les ventes totales, de participer au replatforming et à la refonte des sites web, ainsi que d’accompagner le groupe dans le déploiement de Salesforce.
Le healing, du hobby à la création d’entreprise
Mais cette professeure certifiée de méditation et de Yoga Kundalini, se passionne surtout depuis de nombreuses années pour les domaines de l’expérimentation de soi, des thérapies traditionnelles, alternatives ou holistiques. Dans son ouvrage «Le Grand Livre du healing», elle présente soixante techniques de guérison physique et psychique parmi lesquelles la psychothérapie freudienne, l’acupuncture ou encore l’homéopathie. Depuis novembre 2021, l’entrepreneuse prépare par ailleurs le lancement de sa propre société de e-commerce spécialisée dans cette discipline. Pour ce faire, elle compte lever des fonds à partir du mois d’avril prochain. La moitié de son temps est désormais consacrée à la mise en place de cette entreprise. «Et le reste de mon temps, je participe à des boards où je réalise des missions centrées sur le e-commerce, les engagements environnementaux et sociétaux», ajoute-t-elle.
Pour justifier la raison d’être de son projet, Elya Hasson évoque le contexte sanitaire et les répercussions psychologiques qu’il implique. «Il y a une émergence énorme de tout ce qui est relatif à la santé mentale, avec beaucoup de sociétés qui se soucient de l’accompagnement psychologique des salariés». Et de poursuivre en prédisant : «Il va aussi y avoir la crise de l’eau, donc des migrations importantes de populations qui vont peut-être déstabiliser les économies, etc. Les jeunes générations vont vouloir plus d’harmonie entre activités professionnelles et vie personnelle en se disant : « de toute façon, je ne sais pas de quoi demain sera fait ». Intervient donc ce qu’on appelle le Future of Work qui désigne les personnes qui veulent se reconvertir, notamment dans les médecines alternatives et holistiques. Des cadres de grands groupes deviennent aujourd’hui sophrologues, ostéopathes, naturopathes…». De quoi assurer une base solide de clients potentiels pour sa société de e-commerce.
Aujourd’hui, elle poursuit son engagement écologique notamment à travers son rôle de coach entrepreneurial en développement durable chez Plug and Play Tech Center, en Silicon Valley. Ses missions y sont pour le moins ambitieuses : «trouver et améliorer les solutions qui résoudront notre crise des déchets plastiques, fourniront de l’eau potable et nous permettront de passer d’une économie linéaire à une économie circulaire durable», écrit-elle sur sa page LinkedIn. Afin de justifier davantage sa légitimité sur ces questions environnementales, Elya Hasson explique passer trois à quatre mois par an au Costa Rica, entourée de «gens qui travaillent sur le terrain au quotidien». «C’est le pays le plus avancé en termes d’initiatives concrètes de régénération des sols ou de régénération de l’eau», précise-t-elle. Sur le plan personnel, la dirigeante assure qu’elle ne «consomme quasiment pas de viande» et prédit d’ailleurs qu’il en sera nécessairement de même pour l’ensemble de la population d’ici quelques années. Elle met aussi un point d’honneur à se passer de voiture, malgré les nombreuses propositions de véhicules «flamboyants» qui lui sont faites. «Je trouve incroyable que l’on me propose encore des voitures comme si c’était un luxe, alors que c’est tout le contraire», s’insurge-t-elle.
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