Présidente de l’association Profession’L, Valentine Mulliez Bardinet organise des événements pour ouvrir de nouveaux horizons professionnels aux femmes.
Quand Valentine Mulliez Bardinet entreprend des études de psycho en Belgique, son pays natal, c’est sans doute sous l’influence de son père qui a dévoré tous les ouvrages de Françoise Dolto et qui a pris une longueur d’avance en matière de pédagogie moderne. Cette ainée d’une fratrie de cinq enfants est naturellement attirée par la création de liens et les relations sociales. «J’étais d’une nature sensible, empathique», se souvient Valentine Mulliez Bardinet. Une sensibilité qui va la guider pendant tout son parcours professionnel jusqu’à sa vie d’entrepreneuse puisqu’elle est aujourd’hui présidente de l’association Profession’L qui accompagne les femmes qui souhaitent donner un nouvel élan à leur carrière.
Des premiers pas dans les ressources humaines
C’est finalement son attirance pour le monde de l’entreprise et un départ vers Paris qui va la conduire à suivre un mastère en ressources humaines à l’IGS-RH. Débutent alors des expériences enrichissantes et parfois difficiles dans des entreprises où elle sera tour à tour amenée à gérer des plans sociaux ou à l’inverse à recruter pour faire face à une forte croissance de l’activité. «A l’issue d’un stage, j’ai commencé dans une entreprise de VPC, éditrice de fiches produits et en perte de vitesse. C’était aussi l’époque de la mise en place des 35 heures et du passage à l’euro. J’y ai beaucoup appris mais c’était parfois difficile. J’étais jeune et je nouais des liens avec des collaborateurs et collaboratrices qui étaient devenus des amis et à qui il fallait parfois annoncer leur licenciement».
Elle finit par quitter ce premier job pour suivre sa DRH chez Sophis, un éditeur de progiciels positionné sur le marché des solutions front et back-office pour salles de marché. «C’était un peu le grand écart entre ces deux situations et un changement de rythme». Amenée à voyager pour les bureaux situés à Londres et Dublin, elle est plongée dans l’univers du recrutement pour des postes de consultants et d’ingénieurs essentiellement et elle ne recrutera alors que des hommes. Bien malgré elle sans doute, mais sur ces profils techniques les candidates manquent à l’appel. Sa vie familiale la fait ensuite bifurquer de voie et quitter Paris. La voici à Bordeaux. «Nous avions fait le choix de quitter Paris avec nos deux enfants et j’ai pris un peu de temps pour agrandir ma famille avant de rebondir».
Répondre aux désirs des femmes de se former, d’entreprendre
Bordeaux est une ville attractive mais le TGV ne la dessert pas encore et il n’est pas facile pour les femmes de retrouver un job quand leur carrière s’est ralentie. Valentine Mulliez Bardinet rencontre alors Séverine Valette qui vient de quitter son emploi de visiteuse médicale pour suivre une formation de management à Kedge. «Nous nous sommes rendues compte que beaucoup de femmes étaient dans des démarches de changement de vie mais qu’elles avaient besoin de solutions concrètes et de réponses utiles à leur projet professionnel». Leur idée est alors de créer un salon professionnel rassemblant des experts de la formation, de la création d’entreprise et de l’accompagnement individuel, des sociétés qui recrutent, des financeurs de projets également… bref tous les acteurs qui peuvent répondre aux désirs des femmes de se former, d’entreprendre ou de trouver un nouveau job. Rapidement elles embarquent la Mairie de Bordeaux dans l’initiative, qui met à disposition un grand espace dans l’Hôtel de Ville. «Anne Brezillon qui était adjointe à la mairie nous a fait confiance, nous a encouragées à monter une association et nous a dit «voyez grand, les filles !»». La première édition qui s’est tenue à la date symbolique du 8 mars est un succès. «Nous pensions attirer 200 personnes et nous en avons eu 1000».
Des événements hybrides
Pour s’adresser à toutes les femmes quels que soient leurs profils, les deux cofondatrices ont imaginé quatre pôles : l’un dédié à la formation, le second à l’entrepreneuriat avec des banques, des incubateurs, des acteurs de l’économie locale, le troisième à celles qui cherchent un emploi avec des entreprises qui recrutent et enfin un quatrième pour celles qui s’interrogent et ont besoin de coaching et de bilans de compétences. «Nous répondons à toutes ces situations». Cette année l’événement fête ses dix ans et en 2021, ce sont plus de 6 000 visiteuses qui ont participé aux différentes éditions du salon dans plusieurs villes en physique et en digital car les associées ont du s’adapter à la crise sanitaire. «Nous avons été très réactives pour tout de suite déployer des outils en mode distanciel. Nous démarrons 2022 avec un format hybride. Ces deux années nous ont permis de toucher encore plus de monde, d’organiser des workshops et des conférences pour celles qui ne peuvent pas se déplacer».
Le format s’est exporté à Lyon, en Occitanie, à Poitiers, Nantes, Lille et au Luxembourg. D’autres villes sont en ligne de mire comme Rennes. «J’ai appris ce métier sur le tas, suis devenue commerciale pour trouver de nouveaux partenaires. Ce qui me motive le plus c’est donner du sens. Les femmes nous remercient et nous redonnent de l’énergie. Nous essayons aussi de les attirer vers de nouvelles formations, vers les écoles de codage, les métiers du digital. Nous valorisons les métiers qui recrutent et notre message est de laisser tomber les préjugés. Il faut oser se tourner vers l’inconnu».
Le prochain salon se tiendra à Bordeaux du 15 au 18 mars avec au préalable l’organisation de rendez-vous avec des binômes de coachs professionnels et de personnels de pôle emploi. «Nous allons organiser aussi des témoignages en valorisant des parcours de femmes qui ont osé». Et quand elle a du temps pour elle, cette ancienne marathonienne se ressource dans l’art contemporain, visite les expos du Musée d’art contemporain de Bordeaux et entreprend des voyages vers la Belgique, même si elle se sent désormais bordelaise d’adoption.
Je souhaite lire les prochains articles des Clés du Digital, JE M’INSCRIS A LA NEWSLETTER
Laisser un commentaire