Après le point de vue de la direction générale récemment publié dans Les Clés du Digital, Thomas Masurel, CIO de Damart, raconte comment il embarque les équipes de la marque dans un ambitieux plan de transformation.
Damart a entamé sa transformation il y a deux et demi, soit six mois avant l’arrivée de Thomas Masurel à la direction des systèmes d’information. Cet expert du digital n’a pas hésité à quitter le poste qu’il occupait chez Sephora et à abandonner son plan de carrière au sein du groupe LVMH pour accompagner l’historique marque nordiste dans son projet de modernisation. « Avant que je n’arrive chez Damart le poste de CIO n’existait plus vraiment et était en partie confié à la direction financière. Le système d’information était hétérogène, suffisamment obsolète pour qu’il soit complexe et coûteux et pose question en matière de sécurité », se souvient Thomas Masurel.
Le CIO qui est membre du comité de direction va proposer un plan en trois axes dont une première étape intitulée « secure and stabilize ». « Ce que l’on a, il faut que cela marche, et pour construire il faut des bases », estime Thomas Masurel qui a également rencontré les personnels des différentes Business Units et échangé avec les 60 personnes de la DSI. « Ils m’ont fait comprendre qu’il fallait d’abord donner du sens à leur mission et leur donner confiance ». S’en est suivi un inventaire des différents applicatifs. « Dans l’histoire familiale de Damart, trois frères se sont partagés le marché. Chaque entité avait son propre CRM ». Il fallait repositionner l’informatique pour qu’elle apporte un avantage concurrentiel, comme le fait déjà la supply chain ou le marketing. « Un autre axe était de préparer le futur en bâtissant les fondations de demain, en cassant la dépendance au « legacy » (systèmes informatiques, matériels et logiciels, en place depuis longtemps ndlr) avec une plateforme d’intégration pour gérer les données, les datas et les flux ». Pour le responsable tout doit être pérenne, sans dépendre des autres systèmes. « La clé est de gérer des données et d’obtenir des données exploitables », ajoute Thomas Masurel.
Damart s’est ainsi équipé du Master data management (MDM) d’IBM qui était déjà son partenaire et s’appuie sur Google Analytics, dont la solution est arrivée avec Atos, autre partenaire de la marque. « Nous avons misé sur une infrastructure cloud, refondu le réseau des magasins, puis celui du siège et de l’entrepôt… L’objectif est de poser les bases d’une informatique agile ». Le troisième axe est celui de l’accélération.
« Il a fallu embarquer nos équipes, trouver de nouvelles compétences dans le Cloud que l’on n’avait pas jusque là, et rassurer tous ceux qui travaillent sur nos anciens systèmes. Il faut qu’ils se sentent partie prenante et il s’agit de les accompagner. Nous avons réalisé une cartographie, identifié les compétences clé pour cette transformation, vu quelles étaient celles qui nous manquaient et quelles étaient les ressources dont on disposait ».
La formation a été assurée avec un mix de e-learning et de plénières, en valorisant les formations certifiantes. L’entreprise s’est appuyée pour le coaching du middle management sur les compétences de Ricardo Croati, fondateur du cabinet France Training et spécialiste des neurosciences, que Thomas Masurel avait connu lorsqu’il était chez LVMH. « Faire grandir nos équipes avec nos managers, communiquer via les RH pour expliquer ce que l’on fait, donner du sens à nos utilisateurs, c’est autant de sujets à gérer. Nous avons la chance de travailler avec la DRH, d’allouer le budget nécessaire à la formation informatique et de pouvoir nous appuyer sur un board sensible à tous ces sujets et qui comprend les enjeux. Il se réunit une fois par mois et la première heure est consacrée au lancement des nouveaux projets ». Les priorités concernent l’environnement de travail. « Certains postes de travail ont sept ans, d’autres six mois. Pour un travail collaboratif il faut que tout le monde soit au même niveau ». Il s’agissait ensuite de redéfinir ce que devrait être demain « l’expérience client Damart » avec une nouvelle plateforme CRM, un OMS (Order Management System) pour gérer les retours, une stratégie omnicanale repensée en boutique. L’entreprise déploie par ailleurs un PLM (outil de gestion du cycle de vie des produits) avec Centric Software, se penche sur les sujets de l’EDI pour faciliter les échanges avec ses partenaires et sur celui du WMS (ou logiciel d’entrepôt, au nombre de deux aujourd’hui). « Il faut aussi rattraper notre retard et profiter de la crise pour accélérer », estime Thomas Masurel qui met en place prochainement, d’abord en Belgique, puis en France et au Royaume-Uni, la plateforme e-commerce Magento 2 et qui a lancé un plan de recrutement pour attirer des spécialistes Cloud, des profils « business analysts », plus quelques chefs de projets. Un responsable de la sécurité des systèmes d’information, issu de Decathlon, vient d’ores et déjà de rejoindre l’entreprise nordiste.
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