Aujourd’hui directrice marketing, digital et CRM chez Vanessa Bruno, Béatrice Mariton mène toujours ses différentes missions avec passion.
Plus jeune, Béatrice Mariton était loin d’imaginer qu’elle allierait le digital et la mode dans sa carrière professionnelle. Le premier secteur n’existait pas encore et le second lui paraissait inaccessible. C’est son désir de ne pas s’ennuyer, son besoin de liberté, d’autonomie qui ont guidé son parcours. «L’ennui était mon pire cauchemar», avoue-t-elle. Elle commence des études à la Sorbonne, opte pour un cursus de gestion et de marketing sans réellement savoir ce qu’elle veut faire plus tard. «Ma carrière s’est construite au fur et à mesure, grâce à des rencontres et avec des envies de challenges. Plus jeune, j’ai aussi beaucoup voyagé avec mon sac à dos». Son goût pour l’aventure, sa curiosité d’esprit vont sans doute l’influencer dans ses choix professionnels.
Encore étudiante, elle expérimente le management en devenant chef d’équipe dans un centre de marketing téléphonique, et fait ses premiers pas dans le commerce dans un vidéo club. Mais c’est sa rencontre avec la fondatrice d’une boutique spécialisée dans la papeterie et les beaux arts installée dans le centre commercial du Carrousel du Louvre qui la propulse dans le monde du retail. «Elle m’a prise à l’essai. J’étais très jeune et nous nous entendions bien. Rapidement, comme le dirigeant du point de vente partait, elle m’a fait confiance et je l’ai remplacé. Je baignais dans un univers de produits exceptionnels et haut de gamme, et je rencontrais des gens passionnés d’écriture, des artistes aussi car nous organisions des expositions», se souvient Béatrice Mariton. Elle se plonge ensuite dans l’univers du design et de l’art contemporain en rencontrant Laurence Dumaine Calle, fondatrice d’Axis, qui réunit une vingtaine de designers dans les arts de la table, le petit mobilier et la déco. «J’étais son bras droit, pour le marketing et le commercial. J’encadrais des représentants multicartes, je parcourais les salons de New York à Berlin. Cette femme bienveillante et dans la transmission m’a fait découvrir son univers. Nous avions des licences avec des auteurs de BD comme Corto Maltese, des artistes dans le pop art».
Une compréhension très concrète de la relation client
Après cette aventure «passionnante» de près de six ans, Béatrice Mariton change de monde pour rejoindre L’Exprimeur, un groupe qui gère une imprimerie et des agences de création graphique. «J’avais été recrutée pour ma sensibilité artistique. Je travaillais à la transformation et au changement de business model. Il s’agissait de valoriser les agences qui alimentaient l’imprimerie. Cette première expérience dans le numérique – on parlait alors des NTIC ! – m’a interpellée». Après avoir mis au monde son garçon, Béatrice Mariton prend le temps de la réflexion et commence à s’intéresser un peu plus au digital. Elle intègre Key performance, un réseau d’agences spécialisées dans le CRM sur Internet, se familiarise avec les nouveaux mots du marketing digital, les «triggers», le « marketing automation », la « data », les communautés en ligne. «Mon atout c’était la compréhension très concrète de la relation client et des parcours». Cette nouvelle expérience également passionnante attise sa curiosité. «Je voyais s’ouvrir le champ des possibles».
Huit mois après son arrivée, la voilà contactée par Paul Zemmour, président de l’entreprise Générale Pour l’Enfant (GPE), réunissant aujourd’hui les enseignes Sergent Major, Natalys et DPAM. «« Il parait que vous vous ennuyez », m’a-t-il lancé. Il avait l’intuition qu’il fallait aller vite dans le digital et recherchait un profil atypique. Nous nous sommes rencontrés plusieurs fois. Puis il m’a présenté à la DRH : « voici l’oiseau rare ! » Je suis restée neuf ans dans le groupe». Il y avait tout à faire : le lancement du premier site de vente en ligne, l’omnicanal, la stratégie de relation client. «Nous sommes partis de zéro et avons commencé par lancer le site de Natalys dont les gammes de produits étaient très diversifiées et complexes à mettre en ligne, avec de la puériculture, des vêtements, du mobilier… Je bénéficiais de la confiance de Paul Zemmour, encore un mentor pour moi». Il s’agissait de constituer une équipe, de construite un budget et des KPIs, de trouver les bons partenaires alors que de nombreuses startups étaient en création. «J’ai été beta-testeuse pour nombre d’entre-elles».
Pour le « recettage » du site (ou test d’acceptation), toutes les équipes en interne seront mises à contribution. «J’avais réparti les rôles de chacun en constituant des groupes de parents de jeunes enfants, grands-parents etc. pour leur faire faire des parcours différents sur le site et organisé un jeu concours. Cela m’a aussi permis de connaitre toute le monde alors que j’étais récemment arrivée, mais aussi de créer une effervescence autour de ce projet, de placer Natalys (acquise en 2006 par GPE, ndlr) comme une entreprise innovante au sein du groupe». Rapidement des ponts sont aussi développés entre les magasins et les sites, des écrans interactifs placés dans les boutiques plus petites de centre ville, un service de click and collect est initié pour le textile. La data est aussi exploitée pour segmenter les typologies de clients. «Mon poste et mes missions n’ont cessé de bouger». Le site e-commerce de Sergent Major est lancé dans la foulée et des centaines de responsables de boutique seront formés aux process omnicanaux.
Le goût des challenges
Un nouveau challenge l’attend ensuite chez Burton of London. Au poste de directrice du marketing, elle est chargée de booster l’activité digitale et de faire migrer le site de Magento 1 à Wshop. Une autre aventure qui lui fait découvrir la complexité de la mode adulte, l’univers du tayloring et ses premières difficultés aussi (depuis la chaîne française de magasins rachetée pour un euro symbolique fin 2020 par l’entrepreneur Thierry Le Guénic, a été placée en procédure de sauvegarde en octobre dernier et une vingtaine de boutiques seraient sur le point de fermer). Après avoir «tout appris sur le terrain», Béatrice Mariton retourne à l’école et entreprend une formation sur la transformation digitale et les «next practices» à HEC Paris /École des Mines ParisTech, puis démarre un nouveau poste comme directrice marketing CRM et digital chez Les Georgettes by Altesse tout en donnant des cours de CRM à l’Institut Supérieur Textile d’Alsace. La marque de bijoux personnalisables et colorés Made in France veut accentuer sa désirabilité, faire connaitre son histoire, découvrir ses ateliers dans l’Ardèche et innover avec le digital. Pour ses missions très larges, Béatrice Mariton est entourée d’une équipe d’une quarantaine de personnes. «C’était incroyable car le produit avait un succès fou et l’équipe était fantastique». Mais le Covid viendra casser cet entrain. «C’est devenu très compliqué. En particulier lorsqu’il a fallu migrer sur Salesforce en télétravail. Mais alors que 3000 boutiques ont du fermer, le site est sorti juste à temps».
Sa nouvelle aventure qu’elle doit à la dénicheuse de talents Patrycia Mothon va la conduire chez Vanessa Bruno au poste de directrice marketing, digital et CRM qu’elle occupe actuellement. Refonte du site e-commerce, structuration de l’équipe, organisation du service client, stratégie CRM et omnicanalité sont quelques-unes de ses principales missions. Elle les mène entourée d’une équipe d’un dizaine de personnes et avec le soutien de Henri Sebaoun, le directeur général de la marque de prêt-à-porter premium, entré au capital de cette maison familiale en 2019. «Construire est toujours ce qui m’anime. J’aime aussi les échanges avec mes pairs. Cela m’apporte beaucoup de pouvoir partager», souligne Béatrice Mariton, appréciant de participer une nouvelle fois à l’édition estivale de LesBigBoss et de faire partie du jury. «Rencontrer, chérir la vie car chaque moment est précieux, l’énergie, sont quelques-unes de mes valeurs clés, sans oublier ma vie de maman», ajoute Béatrice Mariton.
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