Après un long parcours chez CGI, un groupe international qu’elle a apprécié pour sa culture familiale, Aïda Collette-Sène a pris la présidence de l’éditeur Generix.
Quand elle opte pour des études dans l’informatique, Aïda Collette-Sène abandonne définitivement son rêve d’enfant de devenir chirurgienne. Mais tout au long de son parcours professionnel, cette «forte en maths et en sciences nat’» gardera le goût pour le contact humain et cette envie de résoudre des problèmes comme on soigne des maladies. «J’ai gardé très longtemps ce rêve de faire médecine mais ce domaine nouveau de l’informatique m’a attiré», raconte Aïda Collette-Sène. Avec son bac international en poche, qui lui a inculqué aussi un intérêt pour la philosophie, elle intègre l’Université Laval, l’une des plus grandes universités au Canada, dans l’un des pavillons (ou département) dédié au génie informatique. «Nous étions soixante-dix dont trois ou quatre femmes mais nous ne nous sommes jamais senties différentes». Elle enchaine ensuite avec un MBA «Information System» axé sur la prise de décision et enrichi de cours de psychologie qui l’aideront ensuite dans ses relations professionnelles.
Trouver des stages puis un emploi après ce parcours ne pose pas de problème. «A la fin du bachelor, les employeurs venaient à nous lors de séances de speed datings. J’ai fait des stages à l’ONU notamment puis intégré une entreprise de conseil dans laquelle je suis restée deux ans». Pendant un temps, elle opte aussi pour le consulting à son compte avant de rejoindre la Compagnie Informatique d’Affaires (CIA) à Paris (maintenant Alityah), une filiale de CGI, groupe canadien d’envergure mondiale de services-conseils en technologie de l’information, d’intégration de systèmes. Recrutée au poste de «director program», elle y reste plusieurs années et y fait la rencontre de Richard Lapointe, le dirigeant de CIA, qui va l’inspirer pour la suite de sa carrière et qui sera même «son mentor» comme elle l’avoue. «Il m’a vraiment appris à juger sur les faits, les compétences, sans subjectivité».
D’abord consultante chez des clients, plutôt dans le domaine des banques et assurances, puis à la direction d’une BU, Aïda Collette-Sène rejoint ensuite le groupe CGI. Elle œuvre alors au rapprochement et au rachat de la société spécialisée dans le conseil, l’intégration de systèmes et l’externalisation Logica (anciennement Unilog en France) dont l’acquisition sera finalisée en août 2021. «En France, j’ai été confronté pour la première fois aux syndicats, aux comités d’entreprises mais j’ai apprécié aussi ces relations humaines. Nous sommes tous des maillons de la chaine et devons être dans le collaboratif». La responsable qui aime se coucher en se disant qu’elle a été «équitable et éthique», passera 18 ans au sein du groupe CGI. «J’y ai grandi. Ce fut une belle aventure dans une entreprise humaine et accessible qui a gardé un esprit familial». Elle participera à l’intégration de Logica qui va prendre deux ans. «Il fallait rassurer les équipes». Elle dirigera ensuite la BU Finance puis accédera au poste de senior vice présidente de CGI France.
Un nouveau challenge à la tête de Generix
«Au bout de 18 ans, je commençais à me questionner, je cherchais plus de complexité». Par des relations, elle entend parler d’une recherche de CEO chez Generix Group, éditeur de solutions SaaS collaboratives pour l’écosystème de la supply chain et du commerce. Créé en France en 1990, l’éditeur emploie 800 collaborateurs et compte parmi ses clients des entreprises comme Carrefour, Danone, FM Logistic, Fnac-Darty, Essilor, Ferrero ou encore Stokomani. «J’avais travaillé pour les banques, les assurances, la finance, les gouvernements et je n’y connaissais rien en supply chain. Via Pléiade Investissement, j’ai rencontré Jean-Charles Deconninck (alors CEO de Generix, ndlr). Nous nous sommes bien entendus et nous avons décidé de tenter l’aventure. Malgré une petite appréhension, je ne me suis dit que tout irait bien et prendre un job où l’on connait déjà tout n’est pas un challenge intéressant. J’avais envie de découvrir un autre domaine».
Après avoir occupé pendant quatre ans le poste de directrice générale et travaillé aux côtés de Jean-Charles Deconninck, Aïda Collette-Sène est nommée en septembre dernier présidente-directrice générale et présidente du directoire de Generix Group. Cette passation s’inscrit dans le cadre du changement d’actionnariat et de la sortie de bourse de l’éditeur. Celle-ci résulte de l’OPA simplifiée initiée par Montefiore Investment, Pléiade Investissement et les dirigeants de Generix Group, au travers de New Gen Holding. «Depuis ma nomination, mes tâches n’ont pas beaucoup changé hormis le fait que je suis désormais seule à la barre. Le Comex a été renouvelé. Nous continuons à servir nos clients et notre engagement a pris un nouvel élan en novembre 2021 avec le lancement de notre plan stratégique «Boost Together 2025»». Le but étant d’accélérer à l’international, de renforcer la stratégie de distribution indirecte avec des partenaires intégrateurs, des cabinets conseils, d’intensifier aussi les investissements sur la plateforme collaborative digitale «Supply Chain Hub» et d’étoffer les solutions destinées à mesurer et réduire l’empreinte carbone dans le transport notamment.
«Nous sommes sur un marché porteur et très compétitif. Nous devons être pro-actifs pour répondre à nos clients. Avec Montefiore, nous allons nous renforcer avec des futures acquisitions». En ligne de mire aussi le passage à la facturation électronique qui deviendra obligatoire dès juillet 2024 pour de nombreuses entreprises, mais aussi l’enrichissement de l’OMS (order management system) pour le rendre plus dynamique. «Nous avons beaucoup de pain sur la planche», estime Aïda Collette-Sène qui garde un peu de son temps pour sa consacrer à la lecture, «sa passion» et aider les enfants malades au sein de l’association l’École à l’hôpital. «Je souhaite encourager les filles à suivre des filières scientifiques et je ne veux pas que le fait d’être mère soit un frein aux carrières des femmes. L’aménagement des horaires, la souplesse dans les agendas, le télétravail sont également des émulations et des sources de bien être».
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