Des copilotes aux agents d’IA capables de raisonnement, de nouvelles défenses et menaces dans la cybersécurité, une frontière entre l’homme et la machine qui s’estompe, des chaînes d’approvisionnement agiles et plus écologiques, et une résurgence du nucléaire, sont les grandes tendances dévoilées par Capgemini dans son rapport Top Tech Trends 2025. Avec toujours l’IA et l’IA générative comme point commun.
Selon le rapport détaillé Top Tech Trends 2025 de Capgemini Research Institute, l’IA générative entre désormais dans une ère «d’agentification.» Les systèmes d’IA ne réalisent plus seulement des tâches isolées mais deviennent des agents spécialisés et interconnectés. L’étude a été réalisée entre septembre et octobre 2024 auprès de 1 500 cadres dirigeants et 500 investisseurs en capital-risque dans une douzaine de pays d’Europe, d’Amérique et d’Asie-Pacifique.
Montée en puissance de super agents, orchestrateurs de plusieurs systèmes d’IA
Les analyses montrent que 70% des cadres dirigeants et 85% des investisseurs désignent les agents IA comme la principale tendance technologique pour 2025. «Grâce aux capacités croissantes de raisonnement logique des modèles d’IA générative, les systèmes d’IA commenceront à opérer de façon plus autonome tout en fournissant des résultats plus fiables, étayés par des preuves, et seront capables de gérer des tâches relevant par exemple des chaînes d’approvisionnement et de la maintenance prédictive sans supervision humaine constante. Ils peuvent gérer la prise de décision dynamique dans des environnements plus sensibles où l’exactitude est primordiale. La prochaine étape sera la montée en puissance d’un super agent, un orchestrateur de plusieurs systèmes d’IA, optimisant leurs interactions», prédisent les auteurs du rapport.
Une construction de systèmes multi-agents encore compliquée
Un peu plus de la moitié des organisations (51 %) mettront partiellement ou totalement à l’échelle les agents d’IA en 2025. Environ une organisation sur cinq en est encore aux toutes premières étapes (19 %). Malgré tout le potentiel qu’elle recèle, la technologie est encore en développement. Les responsables sont encore freinés par le manque de vision stratégique, de financement ou de soutien de la part des dirigeants (65%), par le manque de clarté du retour sur investissement (52 %), par une infrastructure technologique/outillage inadéquate (47 %). Enfin la construction de systèmes multi-agents est compliquée, car chaque agent doit avoir une » tolérance aux pannes » (c’est-à-dire un mécanisme de sécurité permettant d’éviter de graves sous-performances). «Bien qu’ils évoluent rapidement, les LLM restent une technologie immature». Se posent des questions de fiabilité des données, de formation, ainsi que défis éthiques et culturels. «Notre recherche montre que les biais dans les modèles d’IA générant des résultats embarrassants est la plus grande préoccupation éthique des cadres. Plus de la moitié (57 %) reconnaissent la nécessité de solides garde-fous. En outre, la plupart (70 %) des organisations considèrent que le manque de données et de talents, de compétences et de connaissances en matière d’IA est un obstacle majeur à l’adoption de l’IA à grande échelle.»
Les effets de l’IA générative sur la cybersécurité en tête des préoccupations
L’IA transforme par ailleurs la cybersécurité, permettant à la fois des cyberattaques plus sophistiquées renforcées par l’IA générative et des mécanismes de défense plus performants fondés sur l’IA, au point que la quasi-totalité des organisations interrogées (97 %) dans le rapport déclarent avoir été confrontées à des failles ou à des incidents de sécurité liés à l’utilisation de l’IA générative au cours de l’année écoulée, ce qui représente une augmentation significative par rapport à 2021 (51%). Les cyberattaques fondées sur l’IA générative continueront d’être plus sophistiquées et plus fréquentes, augmentant ainsi les risques pour les organisations. Avec le développement du télétravail ces dernières années, les entreprises sont désormais confrontées à une plus grande surface d’attaque et à une plus grande vulnérabilité face à ces menaces. Une grande majorité des cadres de l’industrie (78%) tous secteurs confondus, classent l’IA/Gen AI dans la cybersécurité parmi les trois principales tendances technologiques pour 2025.
Les entreprises ont commencé à préparer l’avenir en renforçant les algorithmes de chiffrement, en particulier via la cryptographie post-quantique afin de se protéger contre les menaces à venir liées à l’informatique quantique. Plus de 75 % des dirigeants affirment que leur organisation mettra en œuvre l’IA/Gen AI dans la cybersécurité en 2025.
Automatisation et robotique fondées sur l’IA
Les progrès en matière d’IA ont aussi accéléré le développement de la prochaine génération de robots. «Alors que la robotique était autrefois dominée par des machines programmées en amont et dédiées à des tâches spécifiques, le développement de l’IA générative accélère la conception de nouveaux produits (y compris des robots humanoïdes et des robots collaboratifs – ou cobots) capables de s’adapter à divers scénarios et d’apprendre en permanence de leur environnement.»
Ainsi, 24 % des cadres dirigeants et 43 % des investisseurs en capital-risque voient l’automatisation et la robotique fondées sur l’IA comme l’une des trois principales tendances technologiques dans le domaine des données et de l’IA en 2025. «Les robots devenant plus autonomes et l’IA assumant des rôles décisionnels complexes, le monde du travail pourrait connaître un bouleversement des structures hiérarchiques actuelles. La montée en puissance des machines dotées d’IA qui imitent les comportements humains remet en question notre conception du leadership, de la responsabilité et de la collaboration, nous poussant finalement à reconsidérer le rôle des humains». Près de la moitié des organisations prévoient d’adopter la robotique ou totalement en 2025. «D’ici 2025, les avancées en matière de traitement du langage naturel et de vision par ordinateur amélioreront encore leurs capacités, ce qui permettra aux robots des secteurs de l’industrie manufacturière, de la logistique et de l’agriculture de se voir confier des tâches plus complexes au sein des entreprises modernes».
Des besoins énergétiques croissants et le nucléaire en tête
Poussés par la demande massive d’énergie de l’IA, les grands acteurs de la tech se tournent vers l’énergie nucléaire pour répondre à leurs besoins croissants en matière de calcul. Au début de l’année 2024, Microsoft a indiqué que ses émissions avaient augmenté de 29 % depuis 2020, tandis que les émissions de Google ont augmenté de 49 % entre 2019 et 2023, note le rapport. Le secteur de la tech reconnaît que les énergies renouvelables ne peuvent à elles seules répondre à ses besoins énergétiques. «L’énergie nucléaire est un point central pour 2025, propulsée par le besoin urgent d’une énergie propre, fiable et contrôlable en partie grâce à l’essor de l’IA et d’autres nouvelles technologies.» Plus de 60 nouveaux réacteurs nucléaires dans 15 pays sont actuellement en cours de construction.
Une nouvelle génération de chaînes d’approvisionnement
Des technologies telles que l’IA, les données, la blockchain, l’internet des objets (IoT) etc, jouent un rôle stratégique dans l’amélioration de la rentabilité, la résilience, l’agilité, la circularité et la durabilité des chaînes d’approvisionnement. « Ces technologies permettent aux entreprises d’améliorer leurs capacités prédictives et de naviguer dans un écosystème en constante évolution, car elles ont désormais atteint un niveau de maturité et donc de fiabilité suffisamment élevée. Par ailleurs, les progrès des technologies spatiales, telles que les constellations de satellites en orbite basse, permettent d’accroître la couverture des zones blanches, ce qui est crucial pour que les entreprises puissent contrôler l’ensemble de leurs chaînes d’approvisionnement dans le monde entier. » Et 37 % des cadres dirigeants considèrent que ces chaînes d’approvisionnement de nouvelle génération assistées par des technologies seront la principale tendance tech dans l’industrie et l’ingénierie en 2025.
Les nouvelles contraintes réglementaires et environnementales rendront cette évolution d’autant plus cruciale pour garantir la compétitivité, l’agilité et la résilience. « En 2025, les chaînes d’approvisionnement mondiales continueront d’être confrontées à des perturbations environnementales, à des pressions réglementaires et à des tensions géopolitiques qui auront un impact sur les flux de marchandises et de matières premières. De nouvelles réglementations, comme le passeport numérique des produits créé par l’Union européenne, obligeront les entreprises à suivre et à communiquer l’empreinte environnementale de leurs produits, les incitant ainsi à adopter des pratiques plus durables. »
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