Monoprix utilise l’IA pour construire des modèles permettant de fiabiliser les prévisions du chiffre d’affaires pour ses futurs franchisés.
«La franchise est un point important pour Monoprix puisque historiquement nous sommes une enseigne très succursaliste. Depuis trois ans nous développons activement la franchise. Il y a deux ans on était sur à peu près 27% du réseau en franchise et le reste en succursale, aujourd’hui on est à 40% et la cible c’est d’ici 2026 d’être à 60% du réseau en franchise», expose David Moulin, ex-Mr.Bricolage et Fnac-Darty et nommé directeur développement, franchise et immobilier chez Monoprix en 2021. Il intervenait lors de l’événement Retail Data Day organisé par Diamart.
L’enseigne est partie la reconquête des villes moyennes avec ses magasins de proximité Monop’, de grands Monoprix mais aussi ses nouvelles enseignes Maison et Beauté, avec l’objectif d’ouvrir 100 magasins par an durant trois ans. Elle développe des magasins sous des formats de 700 à 5 500 m² pour le plus important, avec une partie textile, maison et loisirs. Sa petite sœur, le format Monop’, se déploie sur des surfaces de 300 à 500 m², sans la partie non-alimentaire mais avec une offre de restauration à toute heure de la journée. Monoprix privilégie historiquement des emplacements en centre-ville. L’ouverture à la franchise a nécessité une amélioration de l’estimation des potentiels du chiffre d’affaires pour les futures implantations, à la fois sur des données structurées et non structurées. Le but étant d’améliorer les prédictions. «Ce n’est pas seulement pour nous, c’est aussi pour nos partenaires franchisés qui investissent dans la marque. Il est important de pouvoir limiter les risques au maximum sur les implantations et d’avoir des études de zone de chalandise les plus précises possibles». L’entreprise a réalisé un schéma directeur il y a 2,5 ans, qui a permis d’identifier les villes cibles sur toute la France, celles où Monoprix avait un potentiel de chiffre d’affaires avec tous les indicateurs nécessaires à des implantations de qualité, pour limiter les risques.
Pour y parvenir, il a fallu intégrer des éléments précis notamment en termes de data. Les premiers éléments concernent l’implantation. Monoprix privilégie une logique de proximité, voire d’hyper-proximité. Pour les besoins des études, les plans sont divisés en carrés urbains de 50 mètres sur 50 mètres. C’est la partie data qui joue pour définir des zones de chalandise de proximité. Vient ensuite la modélisation avec des modèles d’apprentissage spécialisés pour estimer le chiffre d’affaires potentiel. «A titre d’exemple nous avons un critère qui fonctionne bien, c’est l’attractivité des rues. C’est un élément super structurant pour évaluer la qualité d’un site avec des impacts sur la qualité du modèle qui est colossal».
Tester les meilleurs modèles
Suivent des critères jugés plus évidents comme la concurrence, et le profil des consommateurs en termes du pouvoir d’achat. L’objectif est d’arriver à une modélisation robuste, avec des gains liés à une meilleure calibration de ces modélisations, avec des données plus fines. «De nouvelles modélisations avec l’IA nous permettent d’avoir des gains très importants sur la qualité de l’estimation puisque historiquement nous travaillions sur des modèles gravitaires. Mais depuis quelques années les IA spécialisées nous permettent de mieux expliquer le chiffre d’affaires». L’étude ne se limite pas à un seul modèle, l’entreprise va tester les meilleurs modèles avec une logique itérative qui permet d’obtenir les modèles qui soient les plus fiables possibles pour répondre aux attentes de Monoprix. L’ensemble du réseau a été passé au crible afin de réaliser des comparaisons de magasins similaires en termes de villes et de typologie d’implantation, en termes de clientèle.
Les prédictions affinées par l’IA améliorent les projections financières de Monoprix. «On ne peut pas parler du potentiel du chiffre d’affaires sans évoquer un compte de résultat prévisionnel, que ce soit pour nous en tant que franchiseur qui perçoit des redevances, mais surtout pour nos franchisés. C’est à partir des études de marché qu’ils vont pouvoir projeter un chiffre d’affaires à partir duquel ils feront leurs comptes d’exploitation et donc évalueront la rentabilité de leur point de vente». Dans les contrats de franchise, les futurs franchisés ont l’obligation de faire des études de marché, même si un franchisé reste un entrepreneur indépendant et que son chiffre d’affaires va aussi dépendre de la qualité de son management. Les analyses des données et les modélisations réalisées avec l’IA contribuent à limiter les risques pour Monoprix et pour ses futurs franchisés, et améliorent la performance globale selon l’enseigne.
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