Procos, la fédération du commerce spécialisé, fait un point sur l’activité du commerce durant ces neuf premiers mois de 2023 et dresse des perspectives pour 2024.
Après un mois de septembre qui se termine en moyenne à – 4,2 % avec toutefois d’importants écarts de performance entre les secteurs d’activité (de – 14 % pour les magasins d’équipement de la personne à + 5 % pour la beauté- parfumerie, par exemple), l’activité des enseignes du commerce spécialisé en magasin reste, sur les neuf premiers mois de l’année, légèrement supérieure en valeur à celle de la même période en 2022 à + 3,3 %. «Ce qui signifie une stagnation des ventes en volume, les hausses de prix ayant augmenté en moyenne de + 3 % durant la période. Les chiffres magasins ont été maintenus artificiellement par la hausse des prix, mais à un niveau largement inférieur à celui de la hausse des coûts, c’est le problème majeur», souligne la fédération.
En magasin, la beauté-santé enregistre une croissance soutenue (+ 10,1 %) grâce aussi «à des hausses de prix qui ont été importantes et malgré la multiplication des promotions des acteurs pour maintenir les volumes vendus». Alimentaire spécialisé, restauration, services et optique réalisent des performances alignées avec une moyenne globale du commerce spécialisé entre + 3 et + 4 % en valeur, donc des volumes vendus comparables à ceux 2022. L’équipement de la personne, de la maison et, nouveauté, le sport, connaissent des croissances très faibles en valeur par rapport à 2022 (entre + 0,1 % et + 1,5 %). Reste le secteur cadeaux-culture-jouets dont le chiffre d’affaires est en contraction par rapport à 2022 (à – 3,3 %).
Les ventes web des enseignes cumulées depuis le début 2023 ont pour leur part très légèrement augmenté en valeur par rapport à la même période en 2022 : + 1,1 % soit une croissance trois fois inférieure à celle des points de vente. « Les magasins textiles, le sport et le jouet ont un point commun : tous ont des réseaux à prédominance physique. Les clients sont revenus en magasins, notamment chez les spécialistes », observe la fédération qui note que l’e-commerce reste haut, mais régresse. Avec la crise inflationniste, les Français n’ont jamais autant été à l’affût des bonnes affaires et Internet reste toutefois un allié efficace pour les aider à comparer les prix.
En cumul magasins plus Internet, la moyenne du commerce spécialisé est en hausse de 2,7 % ; ce qui démontre une très légère baisse des volumes vendus. Plusieurs secteurs sont en baisse en valeur : – 0,2 % pour l’habillement, – 0,6 % pour l’équipement de la maison. Soit une contraction des volumes vendus dans ces secteurs de l’ordre de – 3 %. Comme constaté en juillet, le secteur cadeaux-culture-jouets connaît une forte baisse à – 5,5 %. « Pour ce secteur, l’activité de fin d’année est fondamentale. Elle se jouera donc durant les trois derniers mois de l’année qui pèsent très lourd dans l’activité totale et, bien entendu, pour le résultat final des enseignes ».
La confiance des ménages est au plus bas
Pour les mois qui viennent, l’incertitude règne. «Statistiquement, certains indicateurs macroéconomiques pourraient favoriser la consommation des produits non-alimentaires dans les prochains mois selon l’Insee : contraction de l’inflation même si celle-ci est lente, pouvoir d’achat plutôt maintenu, mais la confiance sera-t-elle suffisante ? L’activité de la grande distribution alimentaire profite de l’inflation, mais cela met sous pression le non-alimentaire», observe l’organisme. Pour Emmanuel Le Roch, délégué général de Procos, «il est impératif que la hausse des prix des produits alimentaires soit stoppée pour redonner de l’air aux ventes non-alimentaires et aux capacités de dépenses des Français dans ces secteurs». La confiance des ménages est au plus bas et malgré un taux d’épargne au plus haut, les Français estiment que le pouvoir d’achat s’est dégradé. Ce qui est d’ailleurs vrai pour les ménages les moins aisés. D’autres facteurs, comme ceux qui sont liés aux problèmes de logement, impactent les secteurs de l’équipement de la maison. A cela s’ajoutent la situation internationale avec plusieurs conflits, le contexte sécuritaire, les incertitudes sur la disponibilité et les coûts de l’énergie. «Autant de paramètres qui font porter des risques à l’économie, la consommation et donc au commerce de détail».
Dans ce contexte, le modèle économique des enseignes est sous une pression qui s’accroît au cours des mois. «Les enseignes ne peuvent pas agir sur le coût de l’énergie, la masse salariale a augmenté, reste le sujet des loyers de plus en plus sous tension», note Procos qui en appelle une nouvelle fois aux bailleurs. «Sans action sur les loyers, la rentabilité des enseignes continuera de se dégrader et les capacités d’investissement de s’écrouler alors que les injonctions pour se transformer se poursuivent, soit du fait des réglementations, soit pour affronter les très prochains changements de consommation».
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