Laurence Paganini : une cheffe d’orchestre engagée avec cœur et passion

Temps de lecture : 7 minutes

s'engage pour les causes qui lui tiennent à cœur @clesdudigitalDirectrice générale du groupe Kaporal, Laurence Paganini dirige son entreprise avec passion et s’engage pour les causes qui lui tiennent à cœur, comme aujourd’hui la protection de la planète.

Laurence Paganini a tracé sa route avec conviction et volonté. Même si elle n’a pas tout à fait accompli son rêve de petite fille où elle se voyait bien devenir présidente de la République ! Mais son imagination, son envie de diriger l’ont guidée dans tout son parcours et l’ont amenée à découvrir différents modes de gouvernance. Un terme qui revient d’ailleurs souvent dans ses propos. A la direction générale du groupe Kaporal depuis 2013, elle partage son temps entre son rôle de manager, la présidence de Procos, la fédération du commerce spécialisée, ou elle vient d’être réélue pour son deuxième mandat, et ses autres engagements, d’abord pour encourager les femmes dans les métiers du digital et aujourd’hui au service de la RSE.

Dès ses années lycée, elle veut se «laisser le plus d’opportunités possibles», obtient son bac scientifique, soutenue par son papa entrepreneur dans l’âme et sa maman assistante d’un prof à l’université de Jussieu. Elle intègre Dauphine avec ce désir «de faire avancer les choses», décroche sa maitrise en finance «qui lui ouvre le champ des possibles». En dernière année, impliquée dans des cours dédiés à la création d’entreprise, elle aidera, avec d’autres étudiants, une PME qui fabrique des écrémeuses à exporter ses produits vers les États-Unis et réalisera des études de marché agricoles Outre-Atlantique. Puis, direction le Crédit Lyonnais pour un stage en analyse financière et la rencontre de grands comptes.

«J’avais envie de poursuivre mes études et il me manquait une fibre marketing». La voilà donc à l’Essec où elle a la chance de rencontrer Daniel Tixier (décédé en 2013),  titulaire de la Chaire Grande Consommation. «Il m’a donnée le goût du marketing des produits de grande consommation et m’a fait entrer dans cet univers des grandes marques et de la distribution». Tout naturellement, elle s’y plonge et elle y évoluera pendant une dizaine d’années, d’abord chez Unilever, puis chez Spontex, rachetée par Total. «Je me suis éclatée. Il fallait faire marcher ses méninges, piloter des équipes qui me ressemblaient beaucoup, orchestrer les créations de produits… J’aidais aussi à leur référencement dans la grande distribution».

s'engage pour les causes qui lui tiennent à cœur @clesdudigitalLaurence Paganini va sur le terrain, à la visite d’hypermarchés dans le Calvados, et s’éprend finalement de cet univers. «J’avais envie de bouger. Avec mon profil, mon parcours à l’Essec, je ne collais pas vraiment aux besoins de l’époque de la grande distribution alimentaire. Dans mon métier, nous n’étions pas nombreux à vouloir passer de ce côté, mais j’ai envoyé une candidature spontanée chez Carrefour». Elle prend alors «le plus gros risque de sa carrière», en passant d’un groupe du Cac40 qui lui offre une voie royale, à ce monde « du carrelage » encore très masculin.

Carrefour a justement besoin de développer ses marques distributeurs et son profil intéresse la direction. «Mais moi, ce qui m’intéressait, c’était de diriger un hypermarché !», avoue-t-elle. Elle insiste, elle convainc, et Carrefour accepte de la former de A à Z aux relations sociales, au management, soit aux 35 métiers de l’hypermarché. Elle fait ses classes à Sophia Antipolis, l’école de Carrefour. Elle y apprend à couper le fromage, à faire cuire les pains aux chocolats à 3 heures du matin et trouve toutes ces activités «extraordinaires» après ces années au marketing. «C’était un vrai challenge. J’étais une femme, venant de l’industrie et du marketing mais Carrefour m’a donnée ma chance».

L’une des rares femmes à prendre la barre d’un hypermarché

Après cette immersion, elle sera nommée à la direction de l’hypermarché de Bercy2, un centre commercial alors racheté par Unibail où tout reste encore à faire. Entre le renouvellement du parc de caddies, la rencontre des nouvelles enseignes comme H&M arrivée dans la galerie, Laurence Paganini «fait marcher son cœur». «C’est un métier humain, de management des équipes, de gestion de la relation client avec parfois jusqu’à 40 000 passages caisse le samedi» et d’ajouter «c’est le plus beau métier d’intra-entrepreneur. On est indépendant, mandataire social, avec d’importantes responsabilités… j’ai adoré faire bouger les lignes avec des collègues qui étaient géniaux ! ».

Après la fusion de Carrefour avec Promodes, Laurence Paganini est nommée au siège, à la centrale d’achats où elle dirigera pendant trois ans les univers de la bijouterie et de l’horlogerie. Alors que Leclerc développe son Manège à Bijoux, elle implante 450 shop-in-shops dans les hypers, parcourt le monde avant de prendre la direction marketing international du groupe. C’est à cette période que la data, le CRM mais aussi le digital encore émergeant, monopolisent les conversations des professionnels du retail. Elle participe au lancement du programme de fidélité de Carrefour et initie la livraison à domicile. «C’est parti de ma propre expérience : avec des enfants et mon travail, j’avais peu de temps pour faire les courses».

s'engage pour les causes qui lui tiennent à cœur @clesdudigitalRecruter de nouveaux talents

Après ses huit années passées chez Carrefour, il est temps de découvrir «une nouvelle gouvernance». Laurence Paganini prend la direction générale de Marionnaud. La chaine de distribution sélective, à l’histoire un peu mouvementée, qui emploie 5500 personnes, vient d’être rachetée par AS Watson, propriété du milliardaire de Hong Kong Li Ka-Shing. Laurence Paganini supervise l’ensemble des performances financières, embauche de nouveaux talents, rénove les magasins avec le déploiement d’un nouveau concept, modernise le back-office et met en place des processus de vente dans les magasins. «J’étais dans un groupe qui avait besoin d’être structuré et je découvrais un autre mode de gouvernance avec des rapports de force très différents de ceux du monde occidental. En face, nous avions Sephora qui gagnait des parts de marché avec son image plus moderne. J‘ai beaucoup appris de ces années « hongkongaises »».

Après avoir appliqué la stratégie voulue par les propriétaires, Laurence Paganini est appelée par Denis Terrien alors à la tête du groupé 3SI, qui la sollicite pour prendre la direction générale des 3 Suisses. L’enseigne nordiste qui distribue encore son gros catalogue doit se transformer. «C’était un énorme challenge, une formidable aventure». Elle doit gérer cette «révolution culturelle et numérique» avec Denis Terrien tout en tenant compte du facteur humain. A la manœuvre, elle opère quatre plans de restructuration entre 2010 et 2011, ferme les magasins, met en commun des outils de back-office. «3 Suisses est devenu le 2ème site français et le 1er site belge pour la mode et la décoration avec + 24% de croissance des ventes sur internet en 2010 et +19% en 2011. J’ai été le fer de lance des transformations de l’entreprise et j’ai mis en œuvre une réponse numérique à l’évolution des habitudes de consommation», se souvient la dirigeante.

La reprise par le groupe Otto, unique propriétaire de 3SI dès janvier 2014, réduit le souffle créatif de l’enseigne. Laurence Paganini qui partage son temps entre Lille et Paris veut aussi vivre une aventure «plus entrepreneuriale», avoir des parts dans le capital des entreprises qu’elle dirige. Cela tombe bien : Daniel Bernard, ex Carrefour, l’appelle. Il est devenu président du conseil d’administration TowerBrook qui s’apprête à racheter la marque marseillaise de jeans Kaporal et a besoin de ses conseils. Elle accepte et quelques temps plus tard acceptera aussi de diriger la maison à condition de garder un pied à terre dans la région parisienne où vit alors sa famille. «Mais je suis d’origine niçoise avec des racines italiennes. La Méditerranée, c’est un peu ma maison bleue !». A sa demande, un showroom Kaporal est ouvert à Paris.

S’engager et être au cœur de la société

Depuis plus de neuf ans à la tête de cette marque de jeans, ex entreprise familiale née dans le Sentier marseillais et dans le wholesale, elle commence par déployer des succursales pour mieux connaitre la clientèle, recrute une équipe dont Nicolas Ciccione nommé directeur e-business & relation client

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