Tout au long de sa carrière, Barbara Sohier n’a cessé de gravir des marches pour devenir, grâce à toutes ses expériences, experte en digital et en marketing client.
Médecin gynécologue ou pédiatre : voici les métiers que Barbara Sohier rêvait d’exercer quand elle était plus jeune. Son Bac en poche, elle s’oriente alors tout naturellement vers la fac de médecine. «Depuis toute petite, ma passion c’était de m’occuper des autres. Je baignais dans cet univers de la médecine avec mes parents pharmaciens et j’admirais ma tante gynécologue qui était aussi un peu psy. C’était mon modèle», se souvient Barbara Sohier aujourd’hui directrice e-commerce global de Petit Bateau.
Mais s’il y a beaucoup d’appelés au concours de médecine, il y a peu d’élus. Après deux années de travail assidu, elle jette l’éponge et oublie son rêve. «Il m’a fallu trouver une nouvelle voie. J’étais déçue mais je sais rebondir et j’ai une grande capacité de résilience. J’avais une idée assez vague de monde de l’entreprise et j’ai choisi de m’orienter vers des études universitaires en économie et gestion».
La jeune femme qui a appris à travailler et à gérer son temps pendant ses premières années d’études réussit plutôt bien et après l’obtention d’un Deug elle intègre Dauphine pour un cursus d’économie appliquée de deux ans. Un parcours qui va la conduire à effectuer un premier stage dans le labo photo de la famille Rosenblum. L’entreprise reprise par les deux frères Steve et Jean-Émile Rosenblum deviendra Pixmania, tout d’abord spécialisée dans la vente en ligne de produits de prise de vue numérique, avant de se diversifier dans l’univers high tech. «C‘était le début de la numérisation dans les tirages mais il fallait aussi équiper la population d’appareils photos numériques», raconte Barbara Sohier qui n’imagine pas encore la place que prendra le digital dans l’économie et dans sa vie professionnelle.
«J’ai ensuite hésité à préparer un dossier pour un doctorat mais Jean-Émile Rosenblum m’a proposé de les rejoindre comme responsable marketing France. C’était une belle opportunité et je ne n’ai pas hésité. J’ai du faire partie de la première dizaine de salariés recrutés par l’entreprise. Dans mes nouvelles fonctions, je découvrais les leviers d’acquisition. A l’époque ce n’était pas encore le moteur Google mais le comparateur Kelkoo. J’ai beaucoup appris car Pixmania réalisait tout en interne et les frères Rosenblum avaient une vision, une capacité à se projeter dans le futur. J’ai adoré cette première expérience».
Un intérêt marqué pour les produits plus que pour les services
Mais Barbara Sohier quitte la société car elle considère que ses études ne sont pas encore complètement terminées et qu’elle a encore «tout le Mercator» à digérer. Ce qu’elle fera en suivant un master à l’Essec. «J’avais besoin d’acquérir des fondamentaux. J’ai donc repris l’école et j’ai fini major de ma promotion. C’était une période très enrichissante avec des étudiants de tous les âges, de différents profils. Nous étions cinq ou six à avoir déjà travaillé». L’école de commerce est néanmoins très orientée grande consommation et retail et n’a pas encore entrepris de virage vers le web. «Je les incitais à mettre du digital dans nos cours !».
Barbara Sohier effectue une mission de fin d’étude au sein des Trois Suisses où elle apprend «les b.a.-ba du service client » puis elle cherche un job. Comme presque tout au long de sa carrière, c’est un cabinet de recrutement qui la chasse et lui présente une nouvelle opportunité. Les profils avec une expérience e-commerce sur le terrain sont encore peu nombreux. Elle est alors embauchée au poste de loyalty marketing manager de Homelidays, un site spécialisé dans la location de vacances. Elle n’y restera que neuf mois. «Je me sens davantage impliquée dans l’univers des produits que dans celui des services», avoue cette enthousiaste de nature.
Un goût pour l’innovation
C’est alors une toute autre mission que se présente à elle chez un important franchisé Franprix Leader Price. Elle y prend la responsabilité du lancement du site de vente en ligne en partant quasiment de zéro. Tout est à faire et à construire en matière de digital chez ce distributeur alimentaire affilié au groupe Casino. «J’apparaissais comme quelqu’un d’un peu farfelu dans cet univers mais tous étaient hyper investis. Il fallait constituer une petite équipe et nous avons initié le lancement du site qui avait été préparé au préalable par une agence. Le seul point noir était de faire bouger les lignes».
Barbara Sohier quitte l’enseigne alors que Casino a repris son management opérationnel et qu’elle est à nouveau chassée par un recruteur. Elle arrive chez Dakotabox comme directrice marketing Internet. La société d’édition et de distribution de coffrets cadeaux pour les spas, hôtels, restaurants, salles de sports doit augmenter sa visibilité et son trafic mais ce sont surtout deux projets d’innovation qui seront son moteur : le développement de l’application mobile « Thankyoucharlie » et du site de deals de ventes privées « Loisirsvip » après le rachat de la base de données de AchatVIP. «La création « Thankyoucharlie » était inspirée de l’application de donation australienne «buy me a beer». Il s’agissait d’envoyer un bon-cadeau dématérialisé au destinataire qui le récupérerait directement en magasin via un QR code. C’était un projet ludique et innovant, pas forcément dans le bon «time to market». Avec Loisirsvip j’ai beaucoup appris en matière de segmentation de données clients, de trigger marketing … à chacune de mes expériences professionnelles, j’avais l’impression de gravir des marches».
L’importance de se constituer un réseau
C’est ensuite une «belle rencontre», celle de Valérie Dagand (aujourd’hui directrice de programme au Ministère de la Défense) qui va la faire bifurquer vers l’entrepreneuriat. «Quand elle me parle de son réseau de femmes, de son projet autour du digital et de l’événementiel, mes yeux s’illuminent. Nous nous sommes rencontrées plusieurs fois et nous avons lancé Evenby, un club premium pour les Comex et les Codir. Nous proposions d’organiser des événements dans des lieux privilégiés et de faire vivre des expériences hors du commun avec des «enchanteurs», des montreurs d’ours, des mentalists… tout au début nous avons accompagné Hervé Bloch avec les BigBoss. J’ai cette fois beaucoup appris sur la création d’entreprise et le travail administratif, un peu moins glamour. Mais j’ai adoré ces moments. Puis est venu le moment de lever des fonds pour continuer. Notre troisième associé nous avait quitté et il nous fallait un profil plus commercial. Je venais d’avoir ma première fille. Après avoir dressé le bilan, nous avons arrêté l’activité et sommes reparties chacune de notre côté». Barbara Sohier qui est toujours «admirative des créateurs d’entreprises» a appris aussi l’importance de se constituer un réseau au sein notamment de l’Internet Club Managers dont elle deviendra la vice-présidente. Elle anime des tables rondes, crée sa «petite boite de consulting», devient consultante pour Paris & Co et participe au lancement d’un nouvel incubateur Food & Tech. «Cette période m’a aussi permis de mieux affiner mes besoins ».
Un parcours jalonné de belles rencontres
En 2016, la voici chassée à nouveau pour devenir directrice du e-commerce et du marketing digital de Padd. L’entreprise familiale se présente comme «le spécialiste du matériel d’équitation pour cheval et cavalier depuis 1974» et commercialise quelques 12 000 articles sur son site de vente en ligne. Barbara Sohier qui a aussi pratiqué l’équitation pendant ses années lycées y reste quelques années pour un poste à multiples facettes avant d’être contactée via son réseau cette fois pour un poste nouvellement créé chez Sephora. «L’entreprise constituait une équipe centrale pour la zone Europe. C’est une belle marque, c’était un gros défi. Je me suis remise à l’anglais en reprenant des cours particuliers». Nommée directrice e-business EME au sein d’une équipe de dix personnes à son arrivée puis de trente à son départ, composée de nombreux profils (e-merchandising, paiements et fraude, expérience client, analytique etc) Barbara Sohier vit alors «une expérience incroyable» et intervient sur d’importants sujets d’organisation, de migration de plateformes, d’accompagnement en mode «Run» dans les différents pays. «Ce fut une expérience riche et passionnante. Chez Sephora on vit en année de chat : une année vaut cinq à six ans d’une vie normale».
Le parcours professionnel de Barbara Sohier est aussi jalonné de rencontres au sein de la maison de cosmétiques et de parfums dont celles de Mathieu Staat entré comme directeur digital et marketing clients Europe et Moyen Orient en 2018 (et aujourd’hui au groupe Printemps), de Guillaume Motte, CEO et président Europe et Middle East (aujourd’hui Deputy CEO de LVMH Fashion Group) ou encore celle de Soumia Hadjali, actuellement chief digital and technology officer. «Ils m’ont beaucoup apporté humainement tout comme Franck Pasquet (directeur associé d’Arrowman Executive Search, ndlr)».
Pendant ce temps, Petit Bateau recherche sa directrice ou son directeur e-commerce global. Barbara Sohier voit l’annonce passer. Mais ce n’est sans doute pas encore le bon timing. Quelque temps plus tard, on l’appelle pour ce poste. Cette fois, c’est le moment. Sephora a réorganisé des services et elle a perdu un peu en autonomie. Tous les voyants sont au vert pour rejoindre cette marque patrimoniale et innovante. «C’est encore un beau challenge. L’engagement de la marque qui veut reconnecter les enfants à la nature est extraordinaire ». Il s’agit de réécrire une feuille de route avec une équipe d’une vingtaine de personnes, de recruter quelques experts et de nouer des liens avec les autres maisons du groupe Rocher. Barbara Sohier s’y sent comme «un petit poisson dans l’eau» et elle adhère complétement aux valeurs de cette marque qui fêtera ses 130 ans l’année prochaine et qui n’a rien perdu de son agilité. Elle s’y investit à fond, gardant tout de même un peu de temps pour s’occuper de ses filles et s’adonner à ses loisirs, improviser et organiser, inviter des amis, cuisiner et partager des bons plats le temps d’un weekend.
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