Darine Fayed est passée par des études de droit et le métier d’avocate avec la volonté de mettre ses compétences juridiques au service d’une entreprise technologique.
Née à Beyrouth, Darine Fayed quitte le Liban avec sa famille dès son plus jeune âge pour les États-Unis au moment où une bonne partie de la population fuit ce pays en guerre. Avec son profil scientifique, sa volonté de toujours aller vite, elle suivra ses études en préférant les bancs de l’université aux serviettes de plage. «J’ai fait trois ans au lieu de quatre au lycée comme à l’université. Je ne voulais pas perdre de temps» raconte Darine Fayed, aujourd’hui DPO, déléguée à la protection des données et responsable juridique, chez Pathwire, un fournisseur de services de communication et de logiciels d’envoi de mails.
Le goût de l’argumentation
Intéressée par le «business», elle s’oriente finalement vers une formation d’avocat. «J’avais envie de savoir argumenter, de faire changer les avis, de pouvoir formaliser. C’est aussi un métier où l’on peut choisir différentes spécialités. J’avais un goût pour les sciences et j’étais moi-même attirée par les nouvelles technologies sans avoir de capacités techniques, mais tout s’est déroulé assez naturellement. Je me suis toujours rapprochée des personnes compétentes pour apprendre». Une fois diplômée, elle va rejoindre différents cabinets d’avocats internationaux d’abord à Washington DC puis à Paris. La jeune avocate commence sur des petits contrats de licence, travaille avec des scientifiques, des ingénieurs, des startups. «C’était assez passionnant. J’ai beaucoup appris en particulier sur tout ce qui touchait la protection des données personnelles. Ces dix années m’ont appris à formaliser les choses».
Quand elle quitte les États-Unis pour la France «par amour», elle apprend la langue de Molière avec toujours cette volonté d’aller vite et obtient un LLM (Master of Law), un diplôme universitaire de troisième cycle à Panthéon-Assas université puis intègre le cabinet Halken avocats où elle restera six ans. «Mon atout était bien sûr de maitriser la langue américaine et de pouvoir travailler sur des contrats internationaux. Mais il m’a fallu des années pour enrichir des connaissances spécifiques en matière de droit français et européen. Je ne voulais pas terminer ma carrière dans un cabinet d’avocat. C’est aussi une corporation où il est difficile de se faire une place en tant que femme».
Des missions variées
Une fois prête elle se décide à passer dans le monde de l’entreprise. L’objectif de ses débuts. «J’ai commencé à regarder les sociétés qui pouvaient être intéressées par mon profil, j’ai fait le tri et je me suis orientée vers la tech car c’est un univers dynamique, toujours en mouvement». Une réponse à une offre d’emploi va l’amener à rencontrer le Pdg de Mailjet où travaille aussi une relation professionnelle de son entourage qui lui fera des louanges sur cette entreprise encore jeune mais en croissance. Éditeur d’une solution d’emailing fondée à Nantes en 2010 par Wilfried Durand et Julien Tartarin, Mailjet sera rachetée par son concurrent américain Mailgun et Thoma Bravo, société de capital-investissement axée sur le secteur des logiciels et des services technologiques, en 2019.
«En tant que responsable juridique mes missions sont variées et jamais répétitives. Je peux être amenée à travailler avec le service commercial pour négocier les aspects juridiques d’un contrat, rassurer et conseiller des clients sur les mises en conformité et le respect des règlements en matière de traitement des données, revoir les contrats d’assurance de l’entreprise avec les mises à jour des outils pour la cybersécurité». La responsable est aussi amenée à rencontrer et informer les équipes internes sur toutes ces questions et enjeux liés à la «privacy», et au respect de la protection des données personnelles. «C’est un rôle de conseil qui concerne aussi la stratégie de l’entreprise. Je suis toujours en formation malgré mes 18 années de métier car il y a toujours de nouvelles directives, jurisprudences et réglementations ».
Darine Fayed a passé un examen pour obtenir une certification des compétences du délégué à la protection des données agréé par la CNIL. «Récemment j’ai répondu à des entreprises qui se posaient des questions suite à la décision de la CNIL par rapport à l’utilisation de Google Analytics. Je conseille la transparence. Nous sommes nous-mêmes conformes au RGPD et tout est écrit noir sur blanc sur notre site. Je pilote cette conformité et tous les ans nous menons des audits auprès de toutes nos équipes. La formation dès l’onboarding d’une nouvelle recrue, et la sensibilisation à ces questions sont essentielles et ne concernent pas uniquement les juristes. Tous les personnels de l’entreprise doivent être impliqués».
Dans cet univers en perpétuel mouvement, Darine Fayed, qui aime toujours que les choses aillent vite, a trouvé sa voie. «Cela correspond à ce que j’aime. C’est un challenge permanent». Mais son rythme ralentit tous les weekends quand elle se met devant ses fourneaux pour préparer un gigot d’agneau de sept heures à sa famille. « Je suis passionnée par la cuisine et les expérimentations culinaires. Et là je prends le temps de faire goûter des spécialités libanaises, ou d’autres plats du monde, à mes enfants ».
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