Devenue au fil de son parcours experte en stratégie digitale et contenus, Aurélie David est aujourd’hui vice-présidente et responsable du data consulting chez Bloom Social Analytics qui développe une plateforme d’intelligence artificielle dédiée à l’analyse qualitative, prédictive et stratégique des réseaux sociaux.
Quand elle était plus jeune, Aurélie David rêvait de travailler dans la production et le cinéma mais le hasard des rencontres l’a menée vers d’autres horizons. Aujourd’hui vice-présidente et responsable du data consulting chez Bloom, une entreprise française experte dans la veille marketing et l’étude des réseaux sociaux via l’intelligence artificielle, elle se passionne désormais pour les analyses de ce qu’elle assimile à de «la matière vivante».
Avant de rejoindre cette jeune entreprise fondée en 2017 et soutenue par Dassault Système, Aurélie David avait déjà derrière elle un parcours professionnel bien rempli. «Après une année de philo en fac où je me suis sentie un peu paumée, j’ai commencé par faire des études de droit, sans doute parce que le droit mène à tout», se souvient la dirigeante. Poussée dans les études par sa famille, elle comprend vite grâce notamment à sa maman qu’une carrière professionnelle n’est pas toujours linéaire. «Ma mère a fait plein de métiers différents, psychologue, styliste… et elle a été un peu mon modèle». Ses premières années se passent à la fac de Nanterre où elle s’intéresse au droit public et constitutionnel et où elle côtoie des profs «extraordinaires». Elle bifurque ensuite tout naturellement vers un troisième cycle de sociologie politique et elle intègre Sciences Po Paris pour un DEA d’Études Politiques.
«J’ai détesté le lycée par rapport à la fac où si on a envie de bosser, on bosse. J’ai eu la chance d’être admise sur dossier à Science Po avec la recommandation de Michel Dobry, qui était alors l’un de mes professeurs. J’y ai fait des choses passionnantes dont un rapport sur la socialisation de la vie politique par l’image, en recueillant des témoignages dans des écoles primaires pour étudier ce que les enfants comprenaient quand ils étaient exposés au journal télévisé. C’était un sujet à cheval sur la sociologie, la psycho-sociologie, les sciences de l’éducation et mon directeur de mémoire m’a orienté vers une thèse mais, sans financement, j’ai commencé à travailler, à faire des piges publicitaires. Et puis à 29 ans et alors que ma thèse n’avançait pas beaucoup, j’ai rencontré Corinne Lejbowicz». Cette experte du digital, aujourd’hui membre du directoire du groupe la Poste et du conseil d’administration de la Française des Jeux, nommée présidente de Qwant en juin dernier, développe alors de nouveaux contenus et de nouvelles offres pour les abonnés du portail américain internet AOL.
«C’est une visionnaire, un modèle de management. Et ses critères de recrutement étaient de rechercher des personnes avec des aspérités. Une démarche plutôt rare à l’époque», raconte Aurélie David. Pour AOL, Corinne Lejbowicz bâtira une équipe «réunissant différents profils pour un métier qui n’existait pas encore», parvenant à lever les réticences de Stéphane Treppoz, pur produit HEC, qui dirige la filiale française du groupe américain. «Je m’occupais moi-même des partenariats éditoriaux, des services de petites annonces. J’ai aussi travaillé pour le navigateur Netscape (racheté par AOL) qui fait partie des dinosaures du web maintenant», sourit Aurélie David. L’éclatement de la bulle Internet entrainera la mise en œuvre d’un plan de sauvegarde. Aurélie David part vers de nouvelles aventures.
Un parcours semé de belles rencontres
Malgré le contexte, le numérique prend son essor et de nombreux titres de presse se convertissent au digital. Et c’est encore une rencontre, celle de Christine Santarelli et Mattieu de Lesseux, cofondateurs de l’agence interactive Duke, qui lui ouvre une nouvelle porte. «On m’a demandé d’occuper le poste du planning stratégique. Je ne savais pas très bien quelles en étaient les missions. Mais j’ai plongé dans le bain. Ce furent des années formidables, une belle aventure humaine. On s’amusait beaucoup». L’agence est réputée pour sa créativité et ses équipes sont considérées comme des «trublions du digital». Aurélie David y restera cinq ans occupant différentes fonctions, de directrice du planning stratégique où elle managera une équipe de trois personnes, à directrice conseil grands comptes, un poste plus commercial où elle pilotera une équipe de consultants et de chefs de projet pour de grands annonceurs dont Total ou la SNCF. Elle conseillera aussi des marques de luxe dans le déploiement de leur plan d’influence et leur stratégie de communication digitale.
Quand Duke est vendu à l’américain Avenue A/Razorfish, repris lui-même par le groupe Publicis, Aurélie David convole vers de nouveaux horizons et elle rejoint l’agence de communication globale Havas Worldwide Paris comme directrice associée au pôle digital sur la partie stratégie. «A l’époque il y avait le choix entre les petites agences ou les grandes comme Havas où le digital était intégré dans les stratégies. J’y ai accompagné de grands groupes et ai rencontré des gens talentueux et des experts. Mais au bout de trois ans j’avais envie de retrouver un peu d’indépendance». La responsable lance Camino, sa propre société de conseil en stratégie digitale et de contenus. C’est pendant cette période qu’elle va faire une nouvelle rencontre qui sera décisive pour la suite de sa carrière. «J’ai fait la connaissance de Bruno Breton. Il était chez Bolloré Media et me parlait de son projet de création de Bloom. Quand il a fondé cette structure, j’ai dit oui. Son approche me semblait innovante et prometteuse». La structure est fondée avec Alexander Polonsky, docteur en mathématiques appliquées et neurosciences. Les dirigeants sont persuadés que les réseaux sociaux révolutionnent les influences du monde. Ils ont développé une plateforme qui ne se contente pas d’écouter et de faire du « social listening » pour donner «une image superficielle des échanges qui s’y déroulent» mais tente de comprendre les mécanismes à l’œuvre dans la constitution des communautés et l’évolution des conversations. Ils développent le concept d’inférence sociale et sémantique, avec l’étude des commentaires, au-delà de l’analyse de mots-clés et des relations entre les contributeurs et ce «afin d’obtenir les insights pertinents pour la prise de décision stratégique». La plateforme permet de détecter les signaux faibles, les tendances et d’anticiper les crises et compte parmi ses clients de grands marques industrielles et des distributeurs comme Danone, L’Oréal, Carrefour ou Boulanger et des institutions publiques.
Avec son expérience en agence, Aurélie David y amène la brique sociologique et la connaissance des clients. Elle dirige une équipe de consultants, accompagne les clients «pour comprendre la conversation autour de leur secteur, de leur marque ou d’un segment qu’ils veulent conquérir. Nous sommes dans une évolution et une amélioration constante. Les réseaux sociaux sont un outil incroyable pour décoder ce qui se passe dans notre société», souligne Aurélie David. Passionnée par son métier, par l’activité de son entreprise en forte croissance et où «chaque année passée est différente», Aurélie David raffole aussi du « Gaga dance », une danse jouissive créée par Ohad Naharin, le directeur de la Batsheva Dance Company à Tel Aviv. «Je peux prendre 30 minutes de cours tous les jours et je revis», affirme Aurélie David qui a «eu la chance» encore de rencontrer « Mr.Gaga » lors d’un passage au théâtre de Chaillot.
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