Viviane Lipskier : l’intuition et l’innovation en ligne de mire

Temps de lecture : 4 minutes

concevoir de nouveaux modèles de business @clesdudigitalFondatrice du cabinet BrandAlchimy, Viviane Lipskier apporte ses conseils aux dirigeants pour concevoir de nouveaux modèles de business conciliant frugalité et création de valeur.

Avec sa formation d’historienne de l’art et de juriste, rien ne prédestinait Viviane Lipskier à devenir une experte dans l’accompagnement des DNVB et des startups dans leurs différentes étapes de leur stratégie de croissance et d’accélération. Aujourd’hui à la tête de BrandAlchimy, la «fabrique des marques digitales natives», Viviane Lipskier a aussi grandi dans un milieu «d’esprit libre », avec une mère qui «entreprenait toujours des choses et lui a donné l’envie de voler de ses propres ailes». Née à une autre époque, sa grand-mère aurait elle aussi pu lancer sa start-up. «Je me disais que tout était possible», se souvient Viviane Lipskier.

Ses études artistiques la conduisent pourtant vers le métier de commissaire priseur ou vers un travail dans un musée. Une voie qu’elle délaissera vite, préférant s’orienter vers d’autres horizons. C’est finalement le hasard lié à la découverte d’un DVD qui va l’amener à intégrer la chaine Arte. «J’ai visionné un film très innovant qui nous faisait entrer dans un tableau». La jeune femme tapote alors sur son Minitel pour trouver le nom du producteur et l’appeler. C’est grâce à ce contact qu’elle rejoint la chaine comme administratrice pour le cinéma. Elle y sera coordinatrice d’émissions et occupera plusieurs missions au sein du groupe France Télévisions à une époque où se crée aussi La Cinquième qui deviendra France 5, et que les dirigeants se succèdent.

Ses 17 années passées dans l’univers audiovisuel la conduiront à devenir secrétaire générale de France 4 puis de France 2 et à rejoindre le club des directeurs de l’innovation pour le groupe. «Ma mission était alors de rajeunir l’antenne et c’est à cette période que j’ai découvert les cabinets de tendances tels que Carlin, Nelly Rody ou Peclercs. Edith Keller, présidente de Carlin qui acceptera de travailler pour nous, m’a expliqué ses méthodes de travail». C’est suite à cette rencontre et avec les conseils de Carlin que la rédaction de France 2 joue l’authenticité et la transparence, en ouvrant ses bureaux aux téléspectateurs, pour insister sur la fiabilité de l’information. «Mais j’ai quitté le groupe car j’avais l’impression d’avoir atteint le plafond de verre. C’est compliqué d’être une femme, non énarque, dans ce milieu très politisé. Le placard m’attendait. J’avais 35 ans et envie d’entreprendre».

Détecter les tendances

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Avec son fils Luca

Sa première tentative – un atelier d’écriture de scénarios – sera un  échec. «Ma boite à outils était obsolète», convient Viviane Lipskier qui s’inscrit alors à l’IFM (Institut Français de la Mode) pour une formation en MBA. Ce cursus la fera voyager en Chine ou elle sera choquée par ce monde du travail «où les tâches sont absurdes et répétitives aussi bien pour la production d’articles de luxe en mode industriel que pour  des produits plus mass-market». «Cette vision m’a semblé être à contre-courant de l’avenir de la mode. Mais comment apporter le changement ?», se demande-t-elle alors qu’elle dirige les opérations de Lithium media, une start-up qui développe un logiciel basé sur de nouveaux paradigmes UI/UX.

Ces expériences ainsi que d’autres voyages à travers le monde comme à Amarapura au Myanmar dans une usine de teinture de fibre de coton indigo traditionnelle, une teinture manuelle pour la fabrication de jeans, l’ont convaincue «que les entreprises ne pouvaient avancer et se construire qu’avec des profils différents et que les startups, avec leurs méthodes basées sur la frugalité et l’efficacité, pouvaient les enrichir. Le modèle DNVB n’était pas nommé à ce moment là et j’ai réalisé une grande enquête de 300 pages sur ces initiatives à l’usage des grands groupes et des décideurs. J’avais l’intuition que ce modèle allait prendre de l’importance».

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Dans une expo d’art contemporain

Avec cet ouvrage intitulé «Les surdouées du commerce digital», Viviane Lipskier est aujourd’hui considérée comme une experte dans les nouveaux modèles économiques de la mode, du luxe et des médias et elle accompagne désormais de jeunes entreprises et des acteurs historiques et leurs dirigeants avec des ateliers ou des missions à plus long terme. Toujours en veille sur les nouvelles tendances sociétales, elle est aussi invitée à animer régulièrement des conférences, comme récemment au salon One to One Biarritz Digital Marketing. Elle s’est penchée sur cet « âge 2 de l’influence » qui sera sans nul doute celui de le « metaverse » (né du concept anglais meta universe), ce monde dans lequel se confondent réel et virtuel. «Je continue à détecter les tendances, à créer des ponts entre les femmes et les hommes, à observer les nouveaux modèles qui permettront de créer de la valeur dans un monde aux ressources finies. Quelles sont les clés ? Où les activer ?», s’interroge la dirigeante qui s’entoure aussi de profils experts en data sciences, en supply chain ou en formation. «L’envie d’entreprendre me chatouille aussi. Ce sera sans doute la prochaine étape, probablement dans la food tech car c’est un vrai sujet de société», estime Viviane Lipskier qui garde un peu de temps pour ses séances de yoga, la course à pied et les visites d’expositions d’art contemporain.

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